Annales des Mines (1849, série 4, volume 15) [Image 250]

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SUR LES PUITS NATURELS 490 eaux de 5 décimètres de large sur 3 à 4 mètres de profondeur, et enfin les larges puits, comme il les

appelle, qui existent, suivant la description de Maclure, dans le fleuve Saint-Laurent, entre les lacs Erie et Ontario, et qui auraient été formés successivement par la chute du Niagara, à mesure qu'elle s'est reculée. Suivant moi, il faut un grand effort d'imagination pour vouloir identifier des effets de ce genre avec les orgues géologiques qui sont très-étroites et infiniment plus profondes,

et pour vouloir leur attribuer une origine commune. On pourrait dire bien des choses au sujet de la différence qui existe entre ces deux sortes de phénomènes; mais elle est aussi facile à saisir que la

ressemblance complète des orgues géologiques avec les tuyaux cylindriques qui , à Burtscheid, ont été formés de bas en haut, dans le calcaire dévonien, par l'action des eaux minérales. Aussi je m'abstiendrai de nouveaux développements sur ce sujet. Personne, après avoir examiné les orgues géologiques d'un oeil attentif, ce que Gillet-Lau-

mont n'a probablement pas fit, n'ira s'aviser de comparer ces longs tuyaux cylindriques avec les phénomènes que présente le calcaire de Krain et de Dalmatie, qui lui aussi est percé de nombreuses cavités en forme d'entonnoirs , par où sortent su-

bitement des courants d'eau. Pourtant Bory de Saint-Vincent, entraîné par une trop riche imagination, a non-seulement adopté l'hypothèse si peu naturelle et si forcée de Gillet de Laurnont, mais il a même trouvé, dans une expérience bizarre

que je dois rapporter par curiosité, de nouveaux témoignages en faveur de cette idée_ Après avoir- coupé dans un pain de sucre un .

OU ORGUES GÉOLOGIQUES.

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morceau parallélipipédique, il suspendit au-dessus

plusieurs tubes de verre, dont il avait élargi, au chalumeau, l'ouverture en forme d'entonnoir, et laissa couler de l'eau goutte à goutte sur ce morceau. Le sucre se fondit peu à peu; il se forma de petits trous cylindriques, accompagnés de courbures, et revêtus à l'intérieur d'une surface raboteuse qui durcit par la cristallisation; bref il reproduisit des orgues géologiques en miniature.

N'aurait-ce pas l'air d'une ironie que de deman-

der si la théorie de Gillet de Laumont a encore besoin d'autres preuves? Quant à moi, je ne la combattrai pas. Mon opinion au sujet des orgues géologiques a été posée d'une manière bien tranchée au commencement de ce mémoire. De la théorie je retourne à la description des orgues géologiques. Elles sont réparties clans le Pé-

tersberg d'une manière très-inégale : quelquefois, sur de longues étendues, on n'en rencontre que peu ou point, d'autres !bis elles se trouvent réunies en grandnombre les unes près des autres, même dans certains cas comme des arbres qui ont crtl accolés les uns aux autres. Il arrive alors qu'ou bien elles restent ainsi juxtaposées sur toute l'étendue visible de leur parcours, ou qu'elles se séparent au moyen de légères déviations. Les parois sont généralement raboteuses et inégales, la plupart du temps recouvertes d'un enduit ferrugineux, brun clair et fortement adhérent, qui est formé de stalactites de chaux carbonatée. Elles ne sont jamais

vides, mais toujours remplies de débris de tuf crayeux, tels qu'on en trouve à la surface du Pétersherg , et de galets roulés de quartz qui recouvrent, comme alluvions ,le plateau. Ces substances Tome X V, 149.