Annales des Mines (1847, série 4, volume 12) [Image 44]

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SUR LES GLACIERS DU NORD

exagérée, et si ces corps se comportaient exacte-

ment de la même manière que des substances visqueuses, on ne s'expliquerait pas comment ils pourraient se fracturer, se crevasser, se diviser en tranches minces, former des escarpements abrup-

tes, des arêtes aigus, des pyramides, des aiguilles, etc. Il me semble qu'il est possible d'éviter ces Le mouvement des glaciers est cultes et de se rendre compte des circonstances la combinaison de deux effets. diverses que présente le mouvement des glaciers, si on le considère comme la combinaison de deux

effets, du mouvement que tend à prendre un

corps tout à fait liquide, l'eau, et du mouvement d'un corps solide, d'une faible cohésion, suscep-

tible de se comprimer, de se déformer, de se rompre et se. ressouder ; ou, ce qui revient au même,

c'est le mouvement que font prendre à un corps solide de cette nature son propre poids et la réaction d'une masse liquide circulant à son intérieur. Il y a en effet deux tendances qui se combinent, celle de la glace poreuse et celle de l'eau dont elle est mélangée , l'une et l'autre étant sollicitées par leur poids à descendre suivant la pente du terrain. L'eau si elle était seule, prendrait une vitesse énorme, mais son mouvement est excessivement ralenti par la présence du réseau dé glace où elle se trouve, pour ainsi dire, emprisonnée. Alors elle tend à imprimer à la glace une partie de sa vitesse, et leurs efforts se combinent pour vaincre ,

la cohésion des particules de glace et le frottement de ces particules les unes contre les autres. Comme la substance des glaciers est spongieuse, fissurée, composée de grains imparfaitement cimentés, la résistance qu'elle oppose à la désunion et au glissement est bien plus facile à surmonter que celle

ET DU CENTRE DE L'EUROPE.

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provenant du frottement de parois inégales et sinueuses; aussi toute la masse se disjoint et ses dif-

férentes parties se meuvent d'autant plus vite qu'elles sont plus rapprochées de la zone centrale. En raison du frottement qui se développe au Différence entre

contact de leur lit sinueux et bosselé, tous les ide glaciers, pour se mouvoir, tendent à se déformer; celui 'de cubes de glace c j)nlacés isauér. en cela ils diffèrent essentiellement des cubes de plan

glace sur lesquels a expérimenté M. Hopkins en les faisant glisser sur une dalle de grès diversement inclinée ; ces cubes se mouvaient sans se déformer,

comme des corps tout à fut rigides, sous la seule

influence de la pesanteur et de la fusion qu'ils éprouvaient en dessous ; mais vu les conditions où se trouvent les glaciers, toutes les causes qui facilitent leur déformation, qui les rendent plus ductiles, augmentent leur vitesse absolue et la différence des vitesses que possèdent les parties centrales et latérales : or, cet effet est produit par une élévation de la température extérieure qui donne lieu à une fusion plus considérable de leur surface, ou par toute autre cause, telle qu'une chute de pluie ou une fonte de neige , qui les imbibe d'une

plus grande quantité d'eau; ce sont là les conclusions auxquelles M. Forbes a été conduit par ses expériences sur la mer de glace de Chamouni. Le rôle que joue l'eau clans ce phénomène est Rôle que joue probablement plus compliqué qu'on ne le croit en général; elle me paraît agir de trois manières : ciers. 10 comme corps liquéfiant, elle tend à désunir les particules de glace et à en affaiblir la cohésion,

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lorsque sa température est supérieure à zéro; 2° comme corps lubréfiant , elle diminue le frot-

tement réciproque des rubans de glace les uns contre les autres, et celui qui a lieu au contact du