Annales des Mines (1847, série 4, volume 12) [Image 42]

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SUR LES GLACIERS DU NORD

les arbres chargés de fruits qui étendent leurs branches an-dessus d'eux, on ne tarde pas à se convaincre que des niasses de glace aussi considérables ne pourraient ni se former ni se conserver

indéfiniment dans le fond des vallées où la terre se dépouille de neige dès le printemps et se couvre

de riches moissons en été, où la température moyenne est égale, et quelquefois même supérieure à + 4°. Il suffit de remonter le cours

d'un glacier pour s'assurer qu'il tire son origine des vastes champs de neige qui couvrent les hautes régions des montagnes, et on acquiert la

confirmation de ce fait en voyant les énormes quartiers de rochers qui proviennent de pics situés

à une grande élévation et qui ont été transportés par le glacier à une distance de plusieurs kilomètres. Le mouvement progressif des glaciers est connu depuis un temps immémorial, car il se décèle par

l'envahissement des ferres cultivées, par le renversement des forêts , des habitations, etc., dont ils poussent les débris devant eux ; mais c'est à des expériences récentes, exécutées par MM. Agassiz, Desor,, etc., et principalement par M. Forbes , que nous devons la connaissance des conditions de

ce mouvement. Rarement il a lieu d'une manière brusque ou saccadée; il est continu et paraît ne jamais cesser entièrement; mais il varie en raison du climat, des saisons , de la masse et de la struc-

ture des glaciers, de la forme du lit qu'ils oc-

cupent. Deux théories fort anciennes ont été imaginées d" mmement pour en rendre raison : dans l'une, celle de Grildes glaciers. ner et de Saussure, .on suppose que les glaciers Deux théories

glissent sur leur fond comme des corps graves

83 placés sur un plan incliné; dans l'autre , celle de ET DU CENTRE DE L'EUROPE.

Scheuchzer , Agassiz, de Charpentier, etc., assimile leur mouvement à un phénomène d'extension ou de dilatation produit par la force expansive de l'eau qui se congèle à l'intérieur des fissures capillaires dont est criblé l'intérieur de tous les glaciers.

Les considérations théoriques et l'observation lianaLcd iamd

des faits s'accordent à rendre inadmissible cette seconde manière de voir; les phénomènes d'expansion qu'elle invoque ne peuvent avoir lieu d'une manière sensible pendant les nuits d'été,

car, dans un intervalle de temps de quelques heures, le froid extérieur ne peut pénétrer qu'à

une profondeur très-minime : comme nous l'avons

déjà vu page 4.1 , la congélation ne peut se produire dans une_ proportion un peu grande qu'à la fin et au commencement de l'hiver, dans les couches supérieures des glaciers et jusqu'à une certaine profondeur : comme l'a fait remarquer M. Elie de Beaumont, si leur mouvement était un effet d'expansion produit par la solidification de l'eau qui remplit les fissures capillaires, il aurait lieu exclusivement à la fin et au commencement de l'hiver et serait nul pendant presque toute la durée de la saison estivale. Or les expériences de M. Forbes ont constaté que ce mouvement dure tout l'été, qu'il est même plus rapide au milieu qu'au commencement, qu'il a lieu le jour comme la nuit, qu'il continue , bien qu'avec plus de lenteur, au milieu même de l'hiver, à une époque où n'a plus lieu cette succession de la gelée au dégel que nécessite la théorie de la dilatation: M. Forbes a

reconnu , en outre, que la vitesse du mouvement dépend de la températtre , qu'elle s'accroit et di.

litsaséitiobroliene. edset