Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 355]

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SUR M. D'AUBUISSON.

NOTICE NÉCROLOGIQUE

qui vivifie et colore les matières les plus arides, illumine les plus obscures; ils y aimeront cette simplicité du calcul qui va pour ainsi dire au-de-

vant des efforts de l'esprit au lieu de l'embarrasser; ils y aimeront aussi cet asservissement de la théorie à l'expérience, et cette richesse, cette puissance des faits qui dominait toujours dans les écrits de l'auteur. Ajoutons enfin que dans ce traité,

qui embrasse toutes les parties d'une science si difficile, ils trouveront M. d'Aubuisson partout car sous les points de vue les plus divers qu'embrasse la dynamique des fluides, ses expériences propres ont agrandi le champ de la science. Telle fut l'occupation dans le cercle de laquelle M. d' Aubuisson enferma pendant cinq ans les loi-

sirs de sa vie, et qui plus tard en occupa encore les derniers moments. Il avait tout à fait abandonné la géologie. « Vous savez, écrivait-il à un "ami, en 1829, vous savez que je suis presque un Au reste, transfuge en fait de géognosie ce n'est » ajoutait-il , transfuge n'est pas le mot pas moi qui quitte la géologie, c'est elle qui m'a

quitté; pendant que je m'occupais de mines et de turaux de conduite, elle marchait, et lorsque j'ai voulu me remettre après elle, je n'ai » plus eu assez d'activité pour la rejoindre)) Il se plaint ensuite de la voie où était entrée alors cette science, et ajoute que son esprit est bien plus satisfait des occupations physico-mathématiques, soit par elles-mêmes, soit par leurs résultats positifs et utiles dans fapplication..... En cela, M. el'Aubuisson ne s'apercevait point peut-être que le travail de son esprit, qui l'éloignait de la géologie, n'était autre que le travail de l'âge. La géologie est une science de jeunesse, non-seule-

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ment par l'activité qu'elle exige, mais encore en ce qu'elle touche à l'imagination ; il faut que l'imagination y ait sa part. Mais il vient un âge où l'on n'aime plus à se jeter dans le champ des possibles, parce qu'on n'a plus, hélas! que peu d'espace à parcourir soi-même ici-bas; le goût des études plus positives envahit alors l'intelligence on agit plus utilement ainsi, parce que surtout on suit en cela les indications de la nature. C'est ce que fit M. d'Aubuisson en se renfermant tout entier dans ses travaux de physique mathématique, où il avait su mettre une si heureuse et si habile précision.

Ce fut là le bonheur de ses derniers jours. En vain l'administration supérieure, plus libérale que ses concitoyens, lui offrit-elle de récompenser ses travaux et d'utiliser plus dignement ses lumières par le grade d'inspecteur général et un siége conseil des mines. Il fallait quitter ses habitudes dire adieu à une grande partie de sa famille et de ses amis; M. d'Aubuisson n'était déjà plus jeune, il récusa cet honneur. Allié par un mariage, mo-

deste d'ailleurs sous le rapport de la fortune, à une famille distinguée du pays, son mérite, les agréments de son esprit et la loyauté de son caractère lui avaient créé de précieuses et douces relations

dans sa ville natale; il y jouissait enfin de cette considération personnelle et de cette gratitude que

les gens sages ne pouvaient refuser aux services qu'il avait rendus. Bienveillant lui-même, d'un

coeur ouvert, d'un esprit fin, d'un commerce agréable et facile., toujours prêt à donner les conseils de son savoir et de son expérience, il s'était

attaché de bons et solides amis, qu'il désirait ne plus quitter. Sans enfants à son grand regret, mais