Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 341]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

ver encore aucun volcan soit en activité soit éteint : l'Académie lui confia la mission de visiter ceux de l'Auvergne et du Vivarais , afin qu'il possédât les éléments d'une discussion contradictoire, et elle le

chargea de lui faire au retour une communication détaillée sur cet objet. M. d'Aubuisson remplit dignement cette mission, car il la remplit en véritable ami de la vérité , avec l'abnégation la plus rare des convictions

qu'il s'était faites et qui lui avaient valu tant de suffrages. Dès son arrivée en Auvergne, il remarqua ce passage si clair des laves scoriacées au basalte , que l'on y retrouve à chaque pas; il ne put plus douter alors de son erreur sur l'origine supposée neptunienne des basaltes de la Saxe, et l'abandonnant aussitôt avec franchise, il fit, dans un rapport présenté à l'Institut en 1804, la réfutation de ses propres idées. «Et l'on vit (pour emprunter l'expression d'un homme de beaucoup » d'esprit qui a voulu aussi consacrer quelques » pages à la mémoire de M. d'Aubuisson son parent), l'on vit un philosophe vraiment digne de ce nom employer toutes les ressources de son esprit à démontrer qu'il s'était trompé (1). » C'était là un bel exemple. Quelques académiciens, m'a-t-il dit, ne le lui pardonnèrent jamais. Je ne puis éviter de payer ici un juste tribut à. Werner et aux principes de son école : Werner, à travers ses vues si belles et si fécondes sur la succession des terrains et sur celle des filons métallifères, a pu professer certaines idées systématiques

généralement abandonnées aujourd'hui et qui

(I) Eloge prononcé à l'Académie des jeux floraux par M. le vicomte de Panat.

sun M. D'AUBUISSON.

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peut-être ne reparaîtront jamais dans la science; mais Werner avait vu du moins que le corps de doctrines appelé géognosie, c'est-à-dire connaissance de la terre, a son principe dans l'observation : il avait donc appris à ses disciples à observer,

à écouter le langage des faits; il leur en avait donné le goût. Il avait formé en un mot de grands observateurs, et c'est en cela particulièrement qu'il a si bien mérité de la science, de la postérité

car, avec cette méthode, l'erreur n'a plus qu'un temps, la vérité se fait jour tôt ou tard. Par elle tout sert ainsi dans les efforts des bons esprits pour

étudier la nature; que ni la résistance qu'ils trouvent aujourd'hui, ni les changements qu'amènera demain le mouvement général des idées n'aient le pouvoir de les décourager : les erreurs inévitables que ce travail de l'esprit, fondé sur l'observation, peut apporter encore, ne sauraient être en effet qu'éphémères; ce qu'il apporte de vrai de-

meure, et servira de point de départ à d'autres mieux inspirés quelquefois, mais non point par cela seul plus méritants. En considération de ses remarquables travaux M. d'A ubuisson avait enfin trouvé à Paris une position, faible récompense de son mérite, mais qui du moins lui permettait de se livrer avec plus de

sécurité au culte des sciences dont il s'était fait l'adepte : il avait été nommé, au commencement de i8o3 , adjoint au conservateur des collections minéralogiques à fEcole des mines de Paris, et chargé spécialement de l'examen et de la traduction des mémoires étrangers. Il usa utilement pour lui et pour la science des loisirs de cette place

modeste, les employant pour la plupart à des voyages d'observation et d'étude dont il enrichis-