Annales des Mines (1847, série 4, volume 11) [Image 64]

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EXPLOSION D'UN CYLINDRE A AIR COMPRIMÉ

Ces ouvriers travaillaient tous à l'intérieur de l'appareil , par conséquent la porte supérieure du cylindre était fermée, celle inférieure était ouverte et toutes les parties de l'appareil renfermaient de Fair à la pression totale de 3atm.,20 Vers huit heures et demie du soir le couvercle supérieur du sas éclata avec fracas. Voici quelle était

alors la position respective des huit hommes enfermés dans le puits Le porion Constant Éraux était à genoux sur

le terrain momentanément à sec qui forme le fond du puits, et excavait au pic les parois de la fosse sous la dernière assise de cuvelage posée afin de préparer la place d'une nouvelle trousse. Con-

stant Bertiaux et Henri Blanchard se trouvaient à côté du porion et venaient de déplacer une échelle mobile qui le gênait dans son travail. Émile Éraux était sur un plancher situé un peu plus bas que

la trousse colletée appliquée contre la base du tube. Il avait pour mission de veiller aux fuites d'air qui pouvaient se déclarer par les joints et d'arrêter ces fuites en bouchant avec de l'argile grasse les orifices d'échappement. Les quatre autres ouvriers se trouvaient dans le sas à air; l'un, Charles-Louis Wéry, placé dans le compartiment inférieur, guidait les caisses d'extraction ; les trois derniers, dans le compartiment supérieur, faisaient la manoeuvre du treuil.

Lorsque le couvercle du cylindre éclata, le plancher intermédiaire en bois sur lequel on entreposait les caisses pleines amenées du fond du puits fut arraché et projeté hors du cylindre en même temps que les trois hommes qu'il supportait. Ces ouvriers ont été lancés contre les deux

sommiers qui se trouvent immédiatement au-

A DOTICRY (NORD).

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dessus de l'appareil et ont été tués par le choc. Deux

d'entre eux, François Miroux et Ledieu-Antoine Miroux, ont été retrôuvés hors du cylindre. Louis

Fiévet est retombé au fond du sas, où CharlesLouis Wéry a été également écrasé par les caisses d'extraction et par les fragments du couvercle. La mort de ces quatre hommes a dît être instantanée. Pour les ouvriers qui se trouvaient dans Pavaleresse les choses se- sont passées d'une manière heureusement différente. Au moment de l'explosion, la porte placée sur le fond inférieur du cy-

lindre, et qui se meut de bas en haut, s'est

refermée brusquement, ou du moins n'a laissé d'écoulement à l'air que par une ouverture plus

ou moins grande déterminée par un obstacle qui s'est trouvé pris entre le panneau mobile et l'embrasure. L'air comprimé de la fosse ne s'est donc pas détendu d'une manière aussi brusque que dans le cylindre. Cet air ne pouvait s'échapper que par deux orifices :la porte incomplétement fermée et le tronçon du tuyau d'introduction de l'air resté fixé au fond inférieur du cylindre. On comprend donc que l'eau ne soit pas remontée précipitamment dans l'avaleresse et que les ouvriers enfermés dans cette avaleresse n'aient pas éprouvé les effets physiologiques certainement très-violents qui doivent se manifester sur des hommes plongés dans un bain d'air qui se détend brusquement de 3,20 atmosphère. Émile Eraux, placé sur un planà chage intermédiaire et à proximité de la descen-

derie , put arriver sans accident à la partie su-

périeure du puits. Constant Bertiaux et Henri Blanchart, qui avaient encore en main l'échelle volante déplacée par eu, commencèrent aussi leur ascension. Constant Éraux , bien que se trou-

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