Annales des Mines (1846, série 4, volume 10) [Image 363]

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728 NOTICE NÉCROLOGIQUE plets, et c'est ce qui d'abord embarrassa beaucoup M. Brochant de Villiers. Il savait que les roches d'ancienne origine étaient rares au Hartz , tandis

que celles d'origine secondaire s'y trouvaient en grand nombre. Or, c'était une disposition toute contraire qu'il observait dans la Tarentaise. Là, il se pouvait fort bien que les roches secondaires ne dépendissent pas de la formation à laquelle les roches anciennes étaient dues et constituassent , à elles seules, un terrain d'origine postérieure. Une étude approfondie de la localité pouvait seule résoudre la question. M. Brochant de Villiers fit cette étude avec un soin des plus remarquables. Il commença par faire une reconnaissance gé-

nérale de toutes les roches qui concourent à former le sol de la Tarentaise et par en dresser un catalogue. Ces roches se trouvèrent être au nombre de treize. Dix d'entre elles, d'après les idées du temps, étaient d'origine primitive : c'étaient des calcaires plus ou moins grenus, des schistes argileux, du quartz compacte, du schiste micacé, du gneiss, de l'amphibole à différents états et de la ser-

pentine; Deux autres avaient certainement le caractère des roches secondaires : c'étaient des poudingues ou des brèches présentant bien les caractères propres aux roches arénacées ; Une autre enfin, l'anthracite, pouvait être l'objet de quelque hésitation; cependant Dolomieu l'avait considérée comme primitive.

Cette exploration préalable lui démontra que la Tarentaise est soumise à la grande loi géolo-

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SUR M. BROCHANT DE V ILLIERS.

gigue observée par Saussure en d'autres parties des Alpes, à savoir que les couches ou les assises du sol ont une seule et même direction quelles que soient les roches qui les forment, et que cette direction commune est parallèle à l'axe de la chaîne, lequel est dirigé du Nord-Nord-Est au Sud,

Sud-Ouest (I). Dans le schiste noir qui, toujours, accompagne

l'anthracite , M. Brochant de Villiers trouva des empreintes de graminées, de roseaux surtout, et n'eut plus conséquemment d'incertitude sur l'origine de cette roche. Il observa les roches secondaires pour lui dès

lors au nombre de trois, partout où il put les suivre au jour sur de certaines étendues, et il

acquit la conviction qu'elles alternaient constamment avec les roches qu'il considérait comme primitives. La Maurienne, la vallée d'Aoste, le Valais, le Faucigny lui présentèrent les mêmes roches constitutives , la même unité de direction et la ruê.rne alternance entre ces roches. Seulement il remar-

qua que les roches secondaires diminuaient de fréquence à mesure que l'on s'approchait de la chaîne centrale, et qu'elles cessaient de se mon-

trer dans les montagnes dont cette grandie chaîne se compose. De toutes ces observations M. Brochant de Vil(1) Dans ce premier travail de M. Brochant de-Villiers il ne s'agissait que de la partie occidentale de la chaîne centrale des Alpes. On sait aujourd'hui , par les observations de M. Elle de Beaumont, que l'autre partie de cette grande chaîne est dirigée de l'Est 1/4 Nord-Est à l'Ouest 1/4 Sud-Ouest, et fait conséquemment avec la première un angle de 45 à 50 degrés.