Annales des Mines (1846, série 4, volume 10) [Image 364]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

s-un M. BROCHANT DE VIL LIERS.

tiers concluait que les terrains qui constituent les

du piogrès , en lui donnant la zoologie pour

montagnes de la Tarentaise ainsi que d'autres vallées latérales des Alpes étaient des terrains de transition , et qu'ils se liaient, par des passages insensibles, aux terrains primitifs dont la chaîne centrale est formée. L'auteur laissait bien entrevoir qu'il pensait aussi

que ces terrains primitifs des Alpes étaient les moins anciens de tous les terrains primitifs. Mais, dans la crainte sans doute de choquer trop ouvertement des idées reçues, il ne présenta cette der-

nière conclusion qu'avec réserve et comme une simple présomption. Il n'échappera sans doute à personne que l'idée qui a dominé tout ce premier travail, l'idée que les Alpes n'avaient pas la haute ancienneté que l'on s'accordait à leur reconnaître, était plus fondée que l'auteur lui-même ne le pensait. Des observations

ultérieures, dues à M. Elie de Beaumont pour la plupart, ont en effet démontré que les terrains. que M. Brochant de Villiers rapportait aux terrains de transition dépendent du terrain jurassique. L'intéressant ouvrage dont je viens de rendre compte fut imprimé en l'année 18°8 (t), année (lui, je le remarque en passant, fut heureuse pour la science à plus d'un titre : c'est celle où Cuvier et M. Alexandre Brongniart firent aussi paraître l'Essai sur la géographie minéralogique des en-

virons de Paris , prélude brillant de l'ouvrage

-plus complet que les mêmes auteurs publièrent .sous le même titre en 181 t , et qui contribua puissamment à diriger la géologie dans la voie (1) Journal des mines, tome

compagne.

M. Brochant de Villiers se rendait bien à luimême ce témoignage que ses observations sur les Alpes étaient exactes et que les conséquences qu'il en avait tirées étaient justes, au moins d'après les idées du temps. Une chose cependant s'opposait à ce qu'il en fût entièrement satisfait. Dans aucune des roches secondaires dont il avait si bien étudié la composition, l'allure et le gisement, il n'avait trouvé de fossile du règne animal. Cela lui semblait constituer une lacune fâcheuse dans la série des caractères que les terrains de la Tarentaise devaient présenter s'ils avaient effectivement l'origine qu'il leur attribuait. Pendant tout le temps qu'il lui fut encore donné de faire chaque année des courses d'exploration dans les Alpes , c'est-à-dire jusqu'en 1814 , il y chercha des fossiles de cette nature, mais il n'en put pas découvrir. Il désespérait d'en rencontrer jamais quand le hasard vint, à Paris même, lui en présenter un. La brèche de Villette, une de ces roches secondaires dont il avait le mieux constaté l'alternance avec des roches d'apparence primordiale, est propre, à raison de la finesse de son grain et du beau poli qu'elle peut prendre, à être employée comme marbre d'ornement. Une scierie pour la débiter et pour la polir a même été construite autrefois à Villette ; mais cette scierie avait été détruite longtemps avant que l'école des mines eût été transportée en Savoie. Toutefois on n'ignorait pas qu'il en était sorti beaucoup de produits. M. Leman , avec lequel M. Brochant de Villiers examinait un jour des échantillons polis de cette Tome X, 1846. 47