Annales des Mines (1846, série 4, volume 10) [Image 361]

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courses géologiques. Ses leçons , que toujours il

savait rendre intéressantes, avaient alors , on le pense bien, un nouvel intérêt, car elles devenaient entièrement pratiques, et les Alpes en étaient à la fois le sujet et le lieu.

Durant ces courses, quelquefois lointaines, sa sollicitude pour ses élèves était affectueuse comme

celle d'un ami , prévoyante comme celle d'un père. Scrupuleux observateur de ses devoirs, il dis-

pensait largement à tous l'instruction qu'il leur devait, mais il entourait de soins particuliers ceux dans lesquels il voyait poindre une aptitude spé-

ciale à la science qu'il chérissait. Ceux-là devenaient pour lui des enfants d'adoption , qu'il ne perdait jamais de vue. Sortis de l'école il se plaisait à les guider clans le monde, et, pour mieux assurer leur avenir, il les associait à ses travaux. Remarques sur une théorie de la A surface

actuelle

de la terre,

SUR M. BROCHANT DE viEmEns.

NOTICE NÉCROLOGIQUE

Pendant qu'il parcourait, qu'il explorait les en tous sens, un ouvrage parut, dans le-

quel certains faits géologiques, souvent observés dans ces montagnes, étaient, par des suppositions hasardées, présentés comme motifs à l'appui d'une

théorie de la surface actuelle de la terre. L'auteur de cet ouvrage, M. André, précédemment connu sous le nom du P. Chrysologue de Gy, avait beaucoup voyagé, beaucoup observé. Il présentait

des descriptions intéressantes des contrées qu'il avait parcourues , notamment de la partie des Alpes qui s'étend du Saint-Gothard au petit SaintBernard ; mais, à l'exemple de ceux qui n'étudient la nature qu'en vue d'étayer un système préconçu, il insistait beaucoup sur les faits qui se trouvaient d'accord avec la théorie qu'il voulait faire prévaloir, et quant aux autres, il les présentait sous un

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exposée avant faux jour. Cette théorie, souvent dans le dislui, mais depuis longtemps tombée dériver toutes les dégracrédit, consistait à faire dont la terre dations , tous les bouleversements seul cataclysme, porte l'empreinte, de l'action d'un débride. le déluge, qu'il nommait la grande de trois de ses memL'Institut, sur le rapport Cuvier, tout en rendant bres Haüy, Lelièvre et explorations de M. André, justice aux laborieuses manière très avait exposé, mais seulement d'une pas d'adgénérale, les motifs qui ne permettaient s'était attaché auteur, et mettre lathéorie de cet qui principalement à faire comprendre à tous ceux la science s'occupaient de géologie, qu'en l'état où d'observer était alors, il importait beaucoup plus à la recherche faits que de se livrer et d'étudier les de leurs causes. sur Ecrire sur la géologie et particulièrement justiciable les Alpes, c'était se rendre doublement article, très de M. Brochant de Villiers. Dans un juin court mais très-substantiel , qui parut en de 8o7 (i ) , il examina, en détail , l'ouvragepeut M. André. 11 prouva, d'une part, qu'on nequ'en rendre raison de l'état actuel de la terre cataadmettant l'action successive de plusieurs n'est clysmes , d'autre part que cette hypothèse en pas, comme l'auteur semblait le craindre, premiers rapporté des opposition avec ce qui est VIII de la âges du monde aux chapitres Ier et Genèse.

Il démontra que plusieurs faits importants restaient dans le système de l'auteur sans explication satisfaisante ; qu'on ne pouvait, par exemple, sup(1)

Journal des mines, tome XXI.