Annales des Mines (1846, série 4, volume 10) [Image 360]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE

un fragment de la lettre que, du fond de la prison

dans laquelle on lui faisait expier à Messine le tort d'avoir servi la France, Dolomieu écrivait au conseil des mines, non pour se plaindre des ennuis et des rigueurs de sa captivité, mais pour exposer les questions scientifiques dont, au milieu de ses malheurs, son esprit se préoccupait.

Guidé par cet esprit logique dont tous ses travaux portent l'empreinte, M. Brochant de Villiers reconnut tout d'abord que si les études géologiques étaient restées en France bien au-dessous des études minéralogiques, c'est qu'elles n'étaient point basées sur une nomenclature uniforme des roches. Chaque

auteur, en effet, imposait aux roches qu'il voulait faire connaître, les noms qu'il lui plaisait de leur

donner, et de là résultait la plus grande confusion. Il entreprit de donner une telle nomenclature, ou plutôt de faire passer dans notre langue celle que l'Allemagne devait depuis longtemps à Werner. Cette nomenclature a été insérée, sous le titre de Traité des roches, dans le. second volume de son Traité de minéralogie. Le canevas lui en avait été fourni par d'Aubuisson, avec lequel il était intimement lié.

Avant de la publier il voulut la soumettre à Werner, et il fit à ce sujet un voyage à Freyberg pendant les mois de floréal et de prairial an XI (avril et mai 1803).

Le Traité des roches , tout imparfait qu'il peut aujourd'hui paraître , fut signalé , quand l'auteur le publia comme l'ouvrage le plus étendu que l'on possédât en France sur cette ma fière

).

(1) Journal des mines, tome XIV, p. 75.

SUR M. BROCHANT DE VILLIERS.

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Le passage suivant d'une lettre que M. Brochant de Villiers écrivait au conseil des mines, le 21 thermidor an X (9 août 1802),, peut donner une idée de l'importance qu'il attachait à ce petit Traité des roches, de la défiance que sa modestie lui faisait concevoir de lui-même et de la haute opinion qu'il avait de Dolomieu. Je dois d'ailleurs vous assurer que la partie de cet ouvrage (le Traité de minéralogie) r qui m'a le plus occupé dans ces derniers temps

m'était absolument nécessaire , même pour remplir les fonctions dont vous m'avez chargé,

et que, sous ce rapport, j'ai travaillé pour l'école pratique. Je veux parler du Traité des roches, cette branche de la minéralogie qui a toujours » été la moins cultivée, celle sur laquelle nous ouvrage )) n'avons que des fragments et aucun le dire, qui a été complet; celle enfin, je dois le moins bien saisie par le plus grand nombre de ceux qui l'ont cultivée. Du vivant de Dolomieu, l'école des mines pouvait se flatter d'avoir un maître en géologie ; mais aujourd'hui vous devez sentir avec moi combien il est nécessaire 1)

de réunir tout ce qui est connu et tout ce qui a été fait sur cette science, afin de tâcher, je ne

dis pas de remplir, mais au moins de dissimuler le vide qu'il a laissé après lui. » Le double cours de M. Brochant de yilliers à

l'école des mines de Pesey, ou plutôt de Moutiers (i ), se terminait , autre année, par des (1) Pesey, village situe dans les montagnes, est le lieu de la mine qui fut affectée à l'Ecole pratique par l'arrèté des consuls , da '23 pluviôse an X; mais c'est à Moutiers, capitale do la Tarentaise, que le chef-lieu de cette école fut établi.