Annales des Mines (1846, série 4, volume 10) [Image 358]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE 718 cet élève avaient unanimement demandé qu'il fût,.

sans examen, placé le premier sur la liste. Ce voeu généreux, auquel l'administration adhéra avait été provoqué par M. Brochant de Villiers. Plus maître de lut , dès lors, il se livra , presque sans partage, à la culture des sciences vers lesquelles son inclination le portait. Le 8 pluviôse an VIII (28 janvier 1800 ), il passa ingénieur en pied. Depuis plusieurs années, l'abbé Haüy, conservateur des collections, et professeur de minéralogie à l'Ecole des mines, appliquait à cette science l'esprit philosophique dont l'application à la chimie avait été déjà faite avec tant de succès par le célèbre Lavoisier. A des dénominations bizarres, qui n'exprimaient aucune idée , il substituait des noms étymologiques, dérivant tous des caractères essentiels des minéraux qu'ils désignaient. En même temps, il déterminait, au moyen de la division mécanique et par un ingénieux emploi du calcul, la forme primitive et la molécule intégrante de chaque espèce cristallisée, ainsi que les lois suivant lesquelles les formes secondaires dérivent de ces formes spécifiques.

Les travaux d'Haüy ont fait de la minéralogie une science nouvelle, en lui donnant, à certains égards, une exactitude mathématique. L'auteur, à mesure qu'il s'y livrait , en communiquait les résultats à ses élèves, mais ce ne fut qu'en l'an X (18o ) qu'il publia l'ouvrage qui les présentait dans leur ensemble: Mieux que personne assurément, M. Brochant de Villiers appréciait l'importance de ces remarquables travaux. Toutefois , il pensa que l'impulsion que les études minéralogiques en devaient recevoir

SUR M. BROCHANT DE VILLIERS.

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serait encore augmentée, si l'on connaissait bien en France la méthode de Werner. Cette méthode avait pour elle le précieux avantage de faire reconnaître, à première vue pour ainsi dire, un minéral quelconque, par l'énoncé de tous ses caractères extérieurs, par l'étendue et l'exactitude du signalement qu'elle en donnait. Tous les minéralogistes allemands l'avaient adoptée, et l'école de Freyberg lui devait en grande partie sa célébrité. l'aide des souvenirs qu'il avait rapportés d'Allemagne en 1792, et de plusieurs ouvrages publiés depuis cette époque, il fit un Traité de minéralogie conçu, le titre l'indique, suivant les principes du professeur Werner. Ce Traité de minéralogie est en deux volumes.

Le premier volume parut en l'an IX, un an, par

Traité de minéralogie.

conséquent, avant l'ouvrage d'Haüy. Le second ne fut publié qu'en l'an XI. Par l'apparition simultanée de ces deux Traités, l'école des mines de Freyberg et celle de Paris se

sont en quelque sorte trouvées en présence, et tous ceux qui se sont voués à l'étude de la minéralogie ont eu à leur disposition un double moyen de s'instruire.

Le retard que M. Brochant de Villiers mit à composer la seconde partie de son ouvrage eut deux causes principales. L'une, qui déchira bien cruellement son âme, fut la perte qu'il fit d'une épouse qu'il aimait tendrement, et dont la mort

faisait peser sur lui seul le soin d'élever un fils en bas âge. Vautre cause fut l'événement qui l'attacha d'une manière définitive à l'instruction. J'ait dit plus haut que la loi du 3o vendémiaire an IV avait ordonné l'établissement d'une école pratique des mines près d'une mine domaniale,