Annales des Mines (1846, série 4, volume 9) [Image 125]

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HISTOIRE DES ACIÉRIES

s'était faites sur les fabriques indigènes d'acier naturel. Pour la province du Nivernais en particulier, deux inspecteurs furent bientôt supprimés :

le troisième fut d'abord conservé sur la recommandation de plusieurs maîtres de forges qui rendirent d'excellents témoignages du zèle et de la capacité de cet agent ; toutefois ses appointements furent réduits à 1.200 fr. Après cinq ou six années, l'emploi fut définitivement supprimé, sur un rapport qui constatait que l'institution des inspecteurs d'aciéries n'avait produit aucun résultat pratique digne d'être signalé. En résumé, les fabriques d'acier naturel ont introduit depuis un siècle, dans leurs méthodes de travail , quelques-unes des améliorations que le

renchérissement du combustible végétal et le progrès général des arts ont propagées, sur une plus grande échelle, clans l'ensemble des forges françaises, comme dans toutes les usines de l'Europe; mais aucune modification essentielle n'a été apportée à la qualité des produits. Le jugement que Diderot portait, en 1751 , de la valeur relative des aciers naturels du royaume et des aciers aile-. mands et anglais, pourrait être conservé aujourd'hui , mot pour mot , dans une nouvelle édition de l'Encyclopédie.

Vers le milieu du dernier siècle, lorsque la fabrication de l'acier fondu commença à se dévecation de l'acier f on du. lopper en Angleterre, la France n'avait pas encore réussi à fabriquer l'acier de cémentation; elle ne put donc suivre l'Angleterre dans la voie qui lui assurait désormis la supériorité , sur tous les marchés, pour les aciers bruts et ouvrés de qualité supérieure. Dans l'opinion que Réaumur avait Aperçu hslo-

rique sur la [abri-

DE CÉMENTATION.

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fixée en France, les mécomptes éprouvés jusquelà par les aciéries françaises, avaient été attribuées à ce que celles-ci n'avaient pu encore s'approprier le véritable secret du cément d'Angleterre : dans le même ordre d'idées, on persista à méconnaître

la cause qui faisait obstacle à la production de l'acier fondu et l'on crut généralement la trouver dans l'ignorance du flux mystérieux employé par les Anglais. J'ai indiqué ci-dessus comment l'ingénieux fondateur de l'aciérie &Amboise , parvint en 1782 à fabriquer de bon acier fondu avec les

fers de Suède, et comment les exigences de l'opinion et les expériences officielles qui lui furent imposées, empêchèrent le développement de la solution qu'il avait trouvée. Les tentatives ayant rapport à la fabrication de l'acier fondu, furent peu nombreuses et peu suivies sous le gouvernement de la république; niais elles furent reprises avec une grande activité, vers les dernières années de l'Empire. Les résultats les plus remarquables furent obtenus à Liége par les frères Poncelet; toutefois ces habiles fabricants

ne purent rien fonder de durable, par la même cause qui avait fait échouer Sanche à Amboise. Ici encore le préjugé, prévalant sur l'expérience, rendit stériles les Plus louables efforts. Les frères Poncelet avaient fait leurs premiers aciers fondus avec les fers suédois de Danernora.

Ces aciers furent trouvés de qualité supérieure mais on fit comprendre à ces fabricants, que pour prétendre au grand prix de 4.000 francs, institué pour la production de l'acier fondu, ils devaient

s'appliquer à élaborer des fers indigènes. Les frères Poncelet recommencèrent donc leurs essais sur des fers provenant en partie des Pyrénées, et 17 Tome IX, r846.