Annales des Mines (1845, série 4, volume 7) [Image 260]

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518 NOTICE Le Io germinal an X (31 mars 1802) un arrêté du premier consul nomma M. Lelièvre commis-

saire du gouvernement à Pile d'Elbe, pour pro-

poser, à l'égard des mines de Je' r de cette île, les mesures qu'il croirait les plus avantageuses à la France. On voit, dans le petit nombre de rapports sur cette mission qui existent aux archives de l'administration des mines (la plus grande partie de ces rapports ayant été adressée l'administra lion de la Légion d'honneur), que M. Lelièvre s'est attaché avec beaucoup de soin à prémunir le gouvernement contre des spéculateurs de toute sorte, qui 11,

voulaient exploiter à leur profit cette richesse nouvellement acquise à la France, et à faire repousser des propositions qui tendaient toutes, à ce but par des moyens divers. Au bout de peu de mois, M. Lelièvre demanda à être rappelé à son poste : il obtint son rappel, seulement en juillet 18°3. L'étude de divers minéraux qu'il avait recueillis

à l'île d'Elbe fut l'objet d'une notice qu'il lut à l'Institut en décembre 18o6. Parmi ces minéraux il reconnut et détermina une espèce nouvelle, qu'il décrivit sous le nom d'Yénite, et dont il fit ensuite le sujet d'un mémoire particulier, imprimé en I8o7 dans le. tome 21 du journal des mines, substance que beaucoup de minéralogistes ont depuis nommée

Liévrite, et qui, dans plusieurs traités modernes de minéralogie est classée comme Fer' siliréo.ealcafre ou comme Silicate de fer et de chaux. Dans cette même année 18o6 , M. Lelièvre communiqua à l'Institut deux autres mémoires: sur la Pinite de France, et sur un Manganèse carbonaté ferrifère. Ce dernier travail a été imprimé dans les Mémoires de l'Institut.

SUR M. LELIÈvRE.

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Le décret impérial du i 8 octobre 1810, qui institua un directeur général des mines, fit cesser les attributions administratives de l'ancien Conseil. M. Lelièvre2 et ses deux collègues devinrent inspecteurs généraux, et comme tels, membres du Conseil générai des mines , dont les attributions, toutes consultatives , furent déterminées par ce

décret. Eu 18 3, après la mort de M. Lefebvre d'Hellancourt , M. Lelièvre fut désigné par le mi-

nistre de l'intérieur pour suppléer le directeur général des mines dans la présidence du conseil général, et il a été prorogé dans les fonctions de vice-président pendant vingt années successives. Dans un aussi long exercice de cette honorable prérogative, M. Lelièvre a toujours conduit les délibérations du Conseil avec autant d'impartialité que de modération. Il parlait peu et ne cherchait jamais à faire prévaloir son opinion personnelle; mais il montrait une grande rectitude de jugement, dans l'appréciation des lumières qui ressortaient de la discussion des affaires. Sous le gouvernement impérial, M. .Lelièvre avait reçu la décoration de l'ordre de la réunion ; le r3 septembre 1814, il fut nommé chevalier de la Légion d'honneur. Tous les moments que ne réclamaient pas les travaux du conseil général des mines étaient consacrés par M. Lelièvre à des recherches minéralogiques, occupation favorite de sa vie entière. Il avait formé une collection de minéraux très-belle et très-instructive, qu'il ne croyait jamais avoir assez complètement étudiée. Cette étude continuelle l'avait amené depuis longtemps, ainsi que nous l'avons dit, à acquérir, à un degré que personne el) France autre que lui n'a peut-être atteint,