Annales des Mines (1845, série 4, volume 7) [Image 261]

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SUR 111. LELIÈVRE,

NOTICE

la faculté de reconnaître les minéraux à leur as-

pect, et à tirer, de l'usage du chalumeau, des

conséquences minéralogiques importantes, aussi variées que précises. C'est principalement sous ce point de vue que M. Lelièvre , pour employer les expressions du juge le plus compétent , a enrichi la minéralogie de beancon p de faits et d'observa» tions, qui n'ont été contestés ni sous le rapport de leur nouveauté, ni sous le rapport de leur exactitUde ). » Mais c'est aux époques rappelées plus haut, que le mérite minéralogique de M. Lelièvre

a été le plus utile à la science. Depuis lors, son étude incessante n'a eu, en quelque sorte, Pour but 'que la satisfaction qu'il y trouvait, et il en a rarement fait connaître quelques résultats. En 1811, il a signalé la présence du Corindon dans une roche du Piémont dans laquelle cette substance était prise pour du Quartz, et il a lu à l'Institut une notice à ce sujet. En 1817, il a également communiqué à l'Institut un mémoire sur une Alumine hydratée silicifère , provenant des Pyrénées, et qu'il a déterminée comme une espèce nouvelle.

Les occupations uniformes et sédentaires de M. Lelièvre n'ont été interrompues, dans le laps de plus de trente ans , que par une mission en 1812 dans le département de la Roër, pour examiner le mode d'application à divers groupes de mines de ce département des redevances établies sur les mines par la loi de 18io , par un voyage en 1816 à Alais, département du Gard, ayant pour objet la régulariseion de l'exploitation des mines (1) Discours prononcé par M. Brongniart aux funérailles de M. Lelièvre,

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de houille concédées à M. le duc de Castries, enfin par quelques voyages aux eaux thermales, nécessités par le fréquent, dérangement de sa santé. Des chagrins très-pénibles sont venus s'ajouter

aux souffrances physiques, pour attrister la vieillesse de M. Lelièvre. Des pertes pécuniaires consi-

dérables, que la régularité de toute sa vie avait été lbin de provoquer, et aux conséquences desquelles il a voulu satisfaire dans toute leur étendue, lui ont enlevé le peu qu'il possédait, l'ont obligé à vendre sa collection de minéraux, et l'ont conduit même à se priver d'une partie de ce que beaucoup d'autres dans sa position auraient Il était père de regardé comme le nécessaire six enfants, et il s'affligeait profondément de la situation dans laquellejl laisserait sa famille.

L'administration l'a conservé en activité de service jusqu'à l'âge de quatre-vingts ans; niais le 1" mai 1832, il a été mis à la retraite. Il a fixé alors sa ré-

sidence à Neuilly, d'où il ne sortait guère que pour venir aux séances de l'Institut. Il a plusieurs fois, en peu d'années', lutté encore avec succès contre de graves maladies, auxquelles il a enfin succombé le i8 octobre 1835. La, vive affection dont M. Lelièvre était l'objet

dans sa famille, les soins qui l'ont entouré pendant toute sa vie et surtout dans ses dernières années, les regrets qui, ont suivi sa mort, révèlent, mieux que la plume ne pourrait le faire, les qualités de soneceur, à demi cachées sous une apparence de fitoideur et presque de rudesse. On reconnaissait facilement en lui l'homme de bien ; mais c'était dans son intérieur qu'on savait combien il était bon, comme ami , comme époux et comme père.