Annales des Mines (1845, série 4, volume 7) [Image 256]

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SUR M. LELIÈVRE.

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NoncE

trois membres de l'Agence des mines devinrent membres de cette société. Mais bientôt, une loi du 3 brumaire an IV (25 octobre 1795 ) ayant, en exécution de l'acte constitutionnel de l'an III,, créé l'institut national des sciences et des arts, M. Lelièvre , qui était dès lors reconnu pour l'un des plus habiles minéralogistes de France, fut nommé membre de la classe des sciences ma-

thématiques et physiques de l'Institut ( au-

jourd'hui Académie royale des sciences), dans la section : histoire naturelle et minéralogie, où il avait pour collègues MM. d'Arcet, Haüy, Desmarest, Dolomieu et Duhamel. Les deux premiers

avaient été nommés par le directoire exécutif, pour faire partie du noyau de quarante -huit membres qui étaient chargés d'élire leurs confrères: M Lelièvre fut élu ainsi, le 22 frimaire an IV, dans la sixième séance de l'Institut, con-

stitué alors aux deux tiers seulement, et composé en conséquence de quatre-vingt-seize membres. t Dans cette même année .1795, M. Lelièvre refusa la place d'administrateur des monnaies qui lui fut offerte, préférant rester, avec des appointements beaucoup moins considérables, administrateur d'une autre branche de service public, vers

laquelle son goût avait, dès sa jeunesse, dirigé

ses études. t'Agence des mines constituait, en effet , une véritable administration, placée d'abord,

ainsi que nous l'avons dit, sous les ordres de la Commission des armes et poudres, mais correspondant aussi quelquefois sans intermédiaire avec le comité de salut public. Par la loi du 3o vendé-

miaire an IV, l'Agence des mines devint le Con' seil des mines, qui fut placé sous l'autorité du ministre de l'Intérieur; et malgré les tentatives qui

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furent faites alors, à plusieurs reprises, pour réduire ses attributions.à celle de donner des conseils au ministre et pour transporter . l'action administrative dans les bureaux du ministère, le Conseil des mines resta administration des mines, et comme tel , chargé de diriger l'instruction des affaires concernant l'exploitation des ubstances minérales, et de correspondre, à cé sujet, avec les 'administrations départementales. Dans le partage que les trois membres de l'Agence ou du Conseil firent entre eux, de la préparation du travail commun , M. Lelièvre eut pour attributions spéciales : 101a partie administrative proprement dite; 20 tout ce quiTouvait concerner particulièrement les substances métalliques. L'ordre de choses, constitué par la loi du 3o vendémiaire an lV , fut confirmé par l'arrêté des consuls du 23 uviose an X, et subsista jusqu'en ISio. M. Lelièvre ayant été le dernier suryt t des membres de l' A gence des mines, nous croyons de-

voir, en interrompant un instant le récit de ce

_qui le concerne personnellement et nous reportant

à des souvenirs déjà bien anciens, rappeler des faits aujourd'hui généralement oubliés ou inconnus , et dire quelques mots de ce qu'a été cette administration, née au plus fort de la tourmente révolutionnaire; de ce qu'ont ,fait, au milieu du délire de ce temps, trois hommes de bien , modestes, sans ambition aucune; et qui , par cette absence même d'ambition, par cette modestie, enfin par leur éloignement pour toute passion politique, semblaient devoir être bien faibles, contre tout ce qui, autour d'eux, au-dessus d'eux, s'agitait si violemment et désolait la France. Dès 'sa création, l'agence des mines devint un