Annales des Mines (1844, série 4, volume 6) [Image 163]

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EXPLOSION D'UNE CHAUDIÈRE

la tendance à la déformation et à l'écrasement était d'autant plus forte que la partie haute du coffre avait un rayon de courbure beaucoup plus grand que le reste du tuyau : aussi n'avait-elle pu être maintenue que par des tirants. Si maintenant l'un de ces tirants venait à manquer, l'écrasement devait s'en suivre, et c'est précisément ce qui est arrivé. Enfin ce qui donnait encore plus de puissance aux deux causes de rupture signalées, c'était l'état peu satisfaisant dans lequel se trouvaient plusieurs parties de la chaudière, et notamment la partie du coffre située au-dessus du foyer. La tôle paraissait également altérée à la jonction du magasin de vapeur avec le coffre intérieur, où s'est préci-

sément faite la principale déchirure, et l'on remarquait que le travail de jonction avait réduit en ce point l'épaisseur du métal à moins de 6 millimètres. La faiblesse de cette partie avait d'ailleurs été déjà reconnue, car il y a dix mois encore, et lorsque le bateau faisait le'service de Lyon à Aix en

Savoie, l'on fit adapter un fer d'angle qui devait donner une plus grandè solidité à la ligne de jonc-

tion des deux surfaces. Malheureusement le fer d'angle ne s'étendait que sur une partie de cette ligne, et la déchirure s'est produite dans la partie -qui n'avait pas été l'objet d'une précaution semblable.

L'on doit maintenant regarder comme trèsprobable qu'une nouvelle épreuve par la pompe

de pression aurait manifesté les défauts de la chaudière, et le nouvel accident montre combien est sage la disposition qui assujettit à des épreuves annuelles toutes les chaudières em-

319 ployées à la navigation qui seraient pourvues de foyers intérieurs. Les chaudières du bateau le Lavaret devaient nécessairement subir une semblable et nouvelle épreuve, et elle eut été faite avant que, sortant d'un chômage de plu,sieurs mois, il reprit, suivant ses habitudes et conformément à son ancien DU BATEAU LE LAVARET.

permis de navigation, le service du Rhône en amont de Lyon; mais une nouvelle compagnie qui en avait fait l'acquisition s'avisa de le mettre en navigation sur la Saône, sans avoir fait aucune demande à cet égard, et c'est peu de jours après cette mise en navigation qu'arriva l'accident signalé. Lyon, le 10 juin 1844. L'ingénieur en chef, président de la commission Signé P.-R. CAILLOUX. L'ingénieur des mines, secrétaire de la commission,

Signé G. PIGEON.