Annales des Mines (1844, série 4, volume 6) [Image 162]

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316 EXPLOSION D'UNE CUAUDIÈRE Aucune autre avarie ou détérioration ne paraît avoir eu lieu. Quelle a été maintenant la cause'de cet écrase-

ment de la chaudière? et faut-il faire intervenir, pour l'expliquer, la production instantanée d'une grande masse de vapeur déterminée par un trop grand abaissement du niveau de l'eau intérieure ? Le fait d'un abaissement pareil a été fortement démenti par l'un des Chauffeurs interrogés à cet égard. Ce témoignage est, en pareil- cas, il est vrai, très-peu concluant; mais en l'absence de toute preuve et même de la moindre induction, une supposition de ce genre serait tout à fait gratuite, et l'accident s'explique d'autant mieux par la continuation d'une forte pression intérieure, que le mode de construction même et le mauvais état de la chaudière la rendaient moins propre à supporter une pareille pre'ssion. Ajoutons encora que l'arrêt du bateau au port de Neuville avait dû déterminer dans la chaudière une accumulation de vapeur d'autant plus grande et plus redoutable que, par une détestable pratique, à laquelle il importe de mettre fin, la vapeur, à laquelle on donnait issue par les soupapes, s'échappait dans la cheminée même, et produisait de la sorte, lors même que l'on ouvrait les portes du foyer, un tirage artificiel considérable.

Une circonstance très-grave encore, c'est que, pour diriger une machine placée dans de si mauvaises conditions, l'on avait fait choix d'un ouvrier peu exercé et qui n'avait encore rempli que les fonctions de chauffeur; non qu'aucun acte d'imprudence .puisse dans le cas actuel être bien positivement imputé à ce malheureux ouvrier, qui a été la première victime de l'accident, mais un méea-

DU BATEAU LE LAVARET.

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nicien plus exercé se serait tenu en continuelle défiance d'aussi mauvaises chaudières, et aurait pu vérifier par lui-même qu'il y avait surcharge des soupapes; puis enlevant cette surcharge et modérant à propos l'action du foyer, il aurait sans doute prévenu cette funeste rupture.

L'on serait ainsi conduit à assigner comme

causes de l'accident 10 La continuité d'eue pression intérieure plus

forte que ne le comportait l'épreuve légale dont la chaudière avait été l'objet; 2° Le mode de construction même de cet appareil;

3° Le mauvais état dans lequel se trouvaient plusieurs de ses parties; 4.0 L'emploi, comme Ouvrier mécanicien, d'un ouvrier chauffeur qui n'avait pas assez d'expérience.

Le fait de la première cause se trouve bien établi par les charges que devaient, au maximum, supporter les soupapes lors de la rupture. Quant au mode de construction même, il n'est

pas besoin de rappeler que les tuyaux cylindriques sont bien moins susceptibles de résistance pressés sur leur face concave, qu'ils ne le seraient pressés sur la surface convexe. Dans ce dernier cas, la surface garde sensiblement sa forme jusqu'au moment de la déchirure; mais dans le premier le métal peut céder et se déformer sous une

pression moindre qu'il ne faudrait pour écraser les libres comprimées. Or il suffira d'une faible déformation pour changer les conditions de résistance du tuyau et en déterminer l'écrasement complet et même. la rupture. Ajoutons que dans la chaudière du Lavaret