Annales des Mines (1843, série 4, volume 3) [Image 87]

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RECHERCHES Suit LA COMPOSITION

seule partie du foyer où la température du fer puisse être portée au blanc soudant est celle dont j'ai défini plus haut la position. Pendant cette première période de l'opération

dont la durée est d'une heure ou de cinq quarts d'heure , le foyer est constamment rempli de charbon, et l'on ne donne pas la totalité du vent. Le seul travail du forgeron consiste à percer de temps en temps au chio pour faire écouler les scories pauvres, et à donner quelques légerscoups

de ringard à l'extrémité de la gueuse pour détacher la fonte qui perd toute consistance et s'égrène facilement à une température voisine de celle de

sa fusion. Quand la proportion du métal au fond du creuset est suffisante pour former la pièce, on recule la gueuse un peu en dehors du feu, mais de façon à ce qu'elle reste chauffée au rouge pour l'opération suivante. Pendant toute la durée du forgeage, la fonte repose sur les scories riches appelées sonies, provenant de l'opération précédente et qui s'étaient coagulées sur le fond pendant l'interruption du travail. La présence de la sorne empêche la fonte de s'attacher à la plaque du fond. Dans une bonne conduite du travail , la fonte doit être dans un état pâteux, sous forme de grumeaux à demi-coagulés et qui offrent un peu de résistance au ringard autour duquel ils s'attachent en donnant un métal très-blanc, rayonné. L'affinage de la fonte dans cet état est beaucoup plus prompt que quand elle est tout à fait liquide. Si la fonte reste longtemps liquide sur le fond, ce qui arrive quand elle a fondu trop vite au contrevent, ou quand elle est très-noue, les ouvriers disent que la fonte est changée, et raffinage se trouve très-notablement retardé.

DES GAZ DES FOYEP,9 D'AFFINERIE.

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La deuxième période de l'affinage, ou le travail

Désornage.

proprement dit, commence par le désornage, c'est-à-dire par l'enlèvement de la croûte de scories riches qui recouvre le fond du creuset. Cette opération s'exécute en soulevant à la fois le gâteau de fonte et la sorne, enlevant celle-ci, et exposant

le métal pâteux à l'action directe du vent de la

tuyère. On doit le considérer comme une sorte d'épon ge métalliqu e imprégnée de scories. Ce mélange s'affaisse de nouveau sous l'action du vent, et descend au-dessous du niveau des tuyères. A ce moment, et pour accélérer l'affinage, l'ouvrier ajoute à son feu environ 15 kilogrammes de rognures de tôle, de débris de- ferraille, qui se ramollissent et

s'affaissent sous l'action du vent. Cette addition du fer n'a pas lieu, comme on le sait, dans toutes

les usines. Elle rend le fer meilleur, l'affinage

plus rapide , mais sans être indispensable à la réussite de l'opération. A ce moment, la masse ferreuse repose sur le fond , à demi plongée dans un bain de scories riches. L'ouvrier en soulève légèrement les différentes parties, de façon à faire circuler l'air tout à l'entour de la pièce. La couleur et l'aspect du laitier que le forgeron retire au bout de son ringard lui indiquent que le fer est affiné. Il plonge alors son ringard dans la masse de fer et il l'en retire entouré d'un dé de fer appelé sifflet, qu'il détache pour le rejeter sur la masse. Après avoir tiré deux ou trois sifflets et s'être ainsi assuré que l'affinage est complet, l'ouvrier avale, c'est-à-dire qu'il re-

jette avec la pelle, sur le museau des tuyères, toutes les parties de fer qui se trouvent disséminées dans le feu au milieu du charbon., et qui viennent se souder à la masse de la loupe. Celle-ci

Travail de la pièce.