Annales des Mines (1841, série 3, volume 20) [Image 321]

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SUR M. COSTE., INGÉNIEUR DES MINES.

NOTICE NÉCROLOGIQUE

que le chemin de fer avait donné à l'extraction des houilles, se montraient animés contre,: -elle d'une haine qui semblait implacable. Il fallait lutter contre mille causes actives de dépense et de destruction, contré des passions obstinées, contre un tarif abaissé à l'excès. Coste le fit avec bonheur. Les souterrains ont été consolidés (1); les rails se renouvellent sur toute la ligne (2); la voie est en bon état ; les règlements relatifs aux wagons ont été modifiés, le service s'opère avec

Coste fut alors nommé membre de la Légion d'honneur ( par ordonnance du 24 août 1833 ). A peu de temps de là l'administration, dési. reuse- de s'éclairer sur l'état de l'industrie des fers fabriqués par la méthode anglaise, envoya Léon Coste visiter les deux grandes usines nouvellement construites à Alais et à Decazeville. Le séjour

qu'il fit dans ces deux établissements donna aux principaux intéressés une telle idée de sa capacité, que, des deux côtés, on voulut l'avoir pour directeur. Il se rendit en cette qualité à Decazeville au commencement de 1834. Il s'y livra à des expériences 'tendant à baisser le prix de revient du fer. Il était à peine resté un an à Decazeville, que des convenances de famille lui firent désirer de se rapprocher des bords de la Saône. Il accepta donc les offres qui lui furent adressées par la compagnie du chemin de fer de Saint-Étienne à Lyon, et il en devint le directeur le 20 mars 1835. Il semblait être dans la destinée de Léon Coste d'avoir toujours à prévenir ou à réparer des catastrophes, ou à relever des ruines. Quand le che-

min de fer de Saint-Étienne à Lyon lui fut confié , cette voie de communication, qui a été si

féconde pour le pays qu'elle dessert, allait en dépérissant. Les souterrains établis dans des montagnes percées en tous sens par les mineurs s'affaissaient çà et là ou descendaient en masse. Les rails étaient usés et le chemin était à peine viable.

Le matériel des transports était insuffisant, et, par reflet de conditions onéreuses, prescrites à la compagnie, il se détruisait avec -rapidité. Les actionnaire ne recevaient pas de dividendes.

Les exploitants des mines, qui auraient dû bénir la compagnie, à cause du développement

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régularité et économie (3). Il avait agrandi et perfectionné le service des voyageurs, qui est pour la compagnie une source abondante de revenus (4). En un mot, l'héritage qu'il laisse à la compagnie n'est ni phis ni moins que le rétablissement de ses affaires. Aussi, au milieu des désastres causés .par

les débordements du Rhône et de la Saône, la compagnie regarde-t-elle- la perte de son directeur comme le plus irréparable de tous. Plein d'un désintéressement rare, Coste propo.

sait dans les derniers temps, avec instance, une Sans interrompre d'un seul jour le service des voyageurs, Coste fit reconstruire une grande -partie des souterrains de Couzon et de Terre-Noire, où il n'existe qu'une voie. Il élargit le souterrain de la Mulatière pour y placer une double voie. Par les soins de Coste le renouvellement intégral a eu lieu sur 37 kilomètres de, double voie. En substituant le graiSage anglais pour les essieux des wagons à l'ancien graissage à l'huile d'olive, Coste- a réalisé au profit de la compagnie une économie annuelle de 50 à 55.000 francs sur ce seul article.

Pendant l'année qui précéda sa gestion, le nombre des voyageurs avait été de 182.000. En 1840, ce nombre a atteint 420.000. Le transport des houilles a subi aussi une

augmentation considérable, mais proportionnellement moins forte de 358.000, il s'est élevé à 580.000.