Annales des Mines (1841, série 3, volume 20) [Image 322]

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NOTICE brâttôt,ocriet

réduction sur son propre traitement, afin de supporter sa part d'une charge que la création d'un nouvel emploi faisait peser sur la compagnie; l'état fâcheux de sa santé lui ayant paru entrer au nombre des motifs qui avaient rendu nécessaire cette fonction nouvelle. En même temps qu'il remettait de l'ordre dans

le chemin de fer, il s'occupait de le rendre plus utile au pays, et plus productif pour la compagnie , en l'étendant. Tous les mariniers du Rhône ont remarqué que la partie supérieure du cours de de beau fleuve est sujette à des brouillards qui arrêtent la navigation et fréquemment retiennent à Lyon les bateaux à vapeur destinés à transporter les voyageurs à Avignon, à Beaucaire et à Arles. A -Vienne, ces brouillards cessent, et, de là jusqu'en Provence, le Rhône en est dégagé. Vienne est d'ailleurs un centre important de consommation pour les charbons de Saint-

Étienne. Or,: Vienne n'est qu'à io kilomètres de Givors, où le chemin de fer descendant de SaintÉtienne vient rencontrer le Rhône: Coste conçut le projet d'un embranchement de Givors à Vienne. Il l'étudia soigneusement avec M. Garella , ingénieur des ponts et chaussées, et voulut en faire son

affaire personnelle. C'eût été un service signalé rendu au commerce de Lyon, qui, chaque matin, fût allé chercher à Vienne les bateaux à vapeur, dont lé départ à heure fixe eût été assuré. La population industrieuse de Vienne et la compagnie du chemin de fer n'en eussent pas moins profité. De-concert avec quelques capitalistes de ses-amis,

il proposa à la compagnie de s'en charger, à ses risques et périls, sous la seule condition qu'elle garantirait pendant un certain nombre d'années

SUR M COSTE

INGÉNIegr, DES MINES.

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un minimum d'intérêt de 4 p. o/o. La compagnie, mal inspirée ce jour-là, repoussa une proposition aussi avantageuse. Si Coste avait vécu, il est probable qu'il l'eût fait revenir de cette détermination, et que son offre eût été bientôt acceptée avec reconnaissance.

Le 12 mai 1838 il fut promu à la première

classe de sou grade.

Léon Coste épousa, en i838, une jeune femme -charmante , la fille de l'un des plus honorables banquiers de Paris. Par une lamentable fatalité, les germes du mal qui devait l'emporter se manifestèrent précisément vers cette époque. A la fin de 1839, sa double famille s'alarma, et il dut se soumettre à un traitement rigoureux. Les progrès de la maladie se ralentirent, mais ne s'arrêtèrent point. Dès le commencement de la belle- saison, en mai dernier, il se rendit aux eaux de Kreutznach qui aussi se montrèrent impuissantes. Néan,

moins il retourna à Lyon et reprit ses fonctions de directeur du chemin de fer. A l'automne, les symptômes devinrent effrayants. Il n'en fut pas troublé , et quand se déploya l'inondation qui a occasionné tant de malheurs dans les vallées de la Saône et du Rhône, à Lyon surtout, et qui a dévaste le chemin de fer, on le vit, miné par la fièvre, épuisé, exténué, se lever du lit qui allait être son lit de mort , se rendre sur les points menacés ou compromis, tout inspecter lui-même, et tracer de -sa main affaiblie les ordres de surveillance et les plans de réparation. Peu. lui importait de mourir si ce devait être en accomplissant ce que sa con-

science scrupuleuse lui disait être son devoir. C'était pour lui mourir au champ d'honneur. Le 4 novembre il fit sa dérnière course. Le 9 com-