Annales des Mines (1841, série 3, volume 20) [Image 320]

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NOTICE NE-CROLOGIQUE

propriété ; mais la garde nationale du Creusot, toute formée d'ouvriers animés par le désespoir égarés par un ressentiment aveugle contre la

Compagnie ruinée, et exaltés parles idées de sOUverairreté populaire qui , de toutes parts, avaient

fait explosion après 1830; la garde nationale,

dis-je, composée d'hommes robustes, bien armés et munis de canon, déclarait, par l'organe de ses chefs, qu'elle ne laisserait pas approcher les soldats. Il semblait plus que difficile d'empêcher les ouvriers irrités .de se porter à des excès, de briser les machines d'épuisement, de saccager le vaste matériel des forges et des fonderies, et de s'emparer de vive force des approvisionnements enfermés dans les magasins des fournisseurs. lin autre eût jugé impossible d'apaiser le courroux de cette foule soulevée, de mettre instantanément en activité régulière cet immense établissement,

et de lui faire produire de quoi alimenter cette population malheureuse. Coste, étendant la mis-

sion qui lui avait été confiée, et se plaçant aussitôt à la hauteur des circonstances au milieu desquelles il était jeté -à l'improviste, prit sur lui d'essayer de résoudre ce problème, et il y réussit de la manière la plus complète. C'est qu'il possédait à un haut degré les qualités du commandement. Il inbpirait à l'inférieur une confiance illimitée ; savait s'en faire respecter, et il avait dans l'esprit de grandes ressources. Il était maître de lui ; ce qui est la première condition pour maîtriser les autres. Il réunit les principaux ouvriers ; il leur dit qu'il était prêt à se mettre à leur tête et à diriger l'établissement, pourvu que chacun s'engageât â 5e tenir au poste où il le placerait, il leur garantit

SUR M. COSTE

INGÉNIEUR 1I

MINES.

Gêe,

que les produits de la fabrication si cousti4ée Seraient consacrés à la solde. On l,"éeoitta..$94 calme parfait imposa aux plus irr4S et se communiqua .à tous. Cette masse .aineinOeuv,ait rencontré son virum quen2. Elle avait .trouvé plus et mieux , car il devait être pour elle un tOteur plein de bienveillance et de générosité. Onproinit::done de lui obéir. Il se procura, de son, côté, les premiers fonds, sur son engagement personnel, et,, quinze jours après, les ouvriers du Creusot rece.vaient leur salaire en numéraire; ce qui n'avait pas eu lieu depuis très - longtemps. Au 149,i§ de septembre, quand il remit la direction aux spi,clics de la faillite, le roulement de tous les ateliers était assuré, les débouchés réouverts, et il y avait des excédants de recette en-caisse. Le gouvernement, :justement alarmé des.dan, gers que courait l'ordre public au Creusot, etredoutant qu'une étincelle partie .de là n'aliat eneore une fois embraser-Lyon, où mille .passions couvaient encore sous la cendre, avait envoyé sur les lieux, quelque temps après que Coste s'y.était rendu, M. l'inspecteur général Beaunier,l'un des hommes les plus éminents par leur savoir et par leur caractère qu'ait jamais comptés le corps des mines. M. Beaunier avait à pourvoir .al'orgauisar tion provisoire du travail. A la vue de l'ordre et, de l'obéissance qui régnaient autour du jeune ingénieur, il éprouva une admiration que plus tard il aimait à exprimer. Il ne vit rien à ajouter à ce que Coste avait accompli avec la rapidité de l'éclair. Il le signala à la reconnaissance de l'ad-

ministration, avec la chaleur d'âme qu'il dé-

ployait toutes les fois qu'il s'agissait de récompenser d'éclatants services et de belles oeuvres. Léon