Annales des Mines (1841, série 3, volume 20) [Image 319]

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NOTICE NÉCROLOGIQUE 628 Nommé aspirant-ingénieur le 16 mai 1829, Coste fut chargé du service des deux départements de la Côte-d'Or et de l'Yonne. De là il passa dans

le département de Saône-et-Loire, où il devait trouver, pour son début, une tâche difficile. Ce département renferme, sur les bords du canal du Centre, un vaste terrain houiller. Des concurrents en grand nombre s'en disputaient chacun des lambeaux. Il fallait en répartir la concession de manière à donner satisfaction à tous les intérêts sérieux, sans cependant y introduire le morcellement excessif, qui est encore plus funeste et plus incompatible avec un bon aménagement, à l'égard de la richesse minérale et surtout de la houille, que pour la culture du sol. Léon Coste donna, en cette circonstance, la mesure de son humeur conciliante, de sa fermeté sans hauteur et de son aptitude aux affaires. Il parvint à faire entendre raison à tous ces intérêts rivaux. Il imposa silence aux jalousies et aux prétentions extrêmes. Il décida même plusieurs des aspirants concessionnaires à réunir en une seule concession les lots qu'ils sollicitaient. A cette époque, le 4 juillet 183o , il fut promu au grade d'ingénieur ordinaire.

Quand la révolution de juillet éclata, Léon Coste vint à Paris comme l'un des délégués de

Saône-et-Loire, avec M. Humblot-Conté, qui le chérissait. Au milieu de la fièvre de sollicitation qui se répandit alors en France et attira sur Paris une nuée de postulants fonctionnaires, Coste , qui comptait des amis chauds et nombreux parmi les hommes appelés aux affaires, s'effaça complétement. Il reçut même très-mal les ouvertures de quelques personnes qui songeaient à revendiquer

SUR M. cOsTE

INGÉNIEUR bES MINES.

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pour lui un avancement prématuré dans le corps des mines.

Aux premiers jours du mois d'août il revint à son poste pour mettre la dernière main à la délimitation des concessions houillères. Cette opération compliquée étàit terminée, lorsqu'à la lin de juin 1833 la compagnie anonyme du Creusot et de Charenton tomba en faillite. En sa qualité d'ingénieur de Saône-et-Loire, il reçut ordre de se transporter sur les lieux pour assurer le service de l'épuisement des mines et pour protéger celles-ci de l'inondation pendant l'interruption des travaux , qui était imminente ; mais il lui était ré-

servé de remplir une autre mission plus large

et plus ardue. Arrivé au Creusot, il trouva la population dans un état d'exaspération violente et p- rête à se porter

aux dernières extrémités. Deux mille ouvriers, formant, avec les femmes et les enfants, une population de quatre mille âmes, allaient être sans pain, si les travaux cessaient. Les fournisseurs et les marchands, qui avaient accepté, en payement

des denrées par eux livrées à ces ménages, les bons de la compagnie, sorte de papier-monnaie avec

laquelle, faute d'écus, on acquittait les salaires,

se refusaient à faire de nouvelles avances et se disposaient à partir, craignant le pillage. Cette colo-

nie industrielle de quatre mille âmes allait donc se trouver sans vivres. Il y avait longtemps qu'elle était sans argent, puisque la compagnie ne payait plus les salaires qu'avec ses bons. La vie du directeur était menacée, quoiqu'il fût fort innocent du désastre. L'autorité avait envoyé à Autun un bataillon d'infanterie pour faire respecter la loi et la Tome XX , 1841. 41