Annales des Mines (1841, série 3, volume 19) [Image 88]

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EXPLOSIONS DANS LES HAUTS-FOURNEAUX

de laitier se durcir. On n'observa rien de particulier à la tuyère ; le vent soufflait avec force et régulièrement. On coula. Les trois trous de coulée sont disposés verticalement. On déboucha celui du mi-

lieu, on épuisa la fonte ; on en fit autant au trou inférieur, et l'on vida le creuset à quelques kilogrammes près. Au bout de quelques minutes, quand on voulut boucher complétement le trou du milieu, en repoussant le laitier qui s'était placé contre la plaque et en y insinuant un tampon de terre grasse, on obtint encore de la fonte à plein jet. Un quart d'heure après, on mit dans le four-. neau une nouvelle charge. Celle-ci descendit brus-

quement; on en rejeta de suite une seconde. La flamme du gueulard sortait avec une grande vitesse et s'élevait très-haut. C'est alors que l'on aperçut des flammes bleues aux lézardes de la masse du fourneau sur toute la hauteur. Du gaz entrait par la tuyère et s'échappait en brûlant par les joints en mastic des tuyaux. Le creuset étant compléternent bouché, les flammes ne se montrèrent pas à la tympe. Quelques instants avant l'accident, le fondeur crut remarquer que l'ouverture de la buse était obstruée. Il pensa que le laitier s'élevait trop audessus de la fonte, et il se porta vers la tympe

pour briser la croûte durcie de ce laitier. Dès qu'il eut retiré son ringard, il sentit, par l'issue venait de pratiquer, un très-fort courant, et il alla rapidement vers la pale de la roue afin de diminuer la vitesse de celle-ci, et par suite la quantité de vent ; l'explosion eut lieu avant qu'il y fût arrivé. Le gaz, en sortant par l'étroite ouverture que

DU DÉPARTEMENT DES ARDENNES.

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venait de faire le fondeur, projeta au dehors fonte et laitier. Le creuset fut vidé et le sol fut couvert

d'une couche de 2 à 3 centimètres de laitier. Le gaz renversa les ouvriers qui tombèrent au milieu de ces matières rouges, en même temps qu'il les couvrait de fonte et de laitier en fusion.

Au gueulard on ne vit rien de bien digne de remarque ; 50 à 6o kil. de minerai et de charbon furent i hors de l'appareil. Par suite de l'explosion, les buses à air furent brisées ; le vent cessa d'entrer dans le fourneau. A trois heures du matin , il manquait environ six

charges, sorties en grande partie par la tympe lors de l'explosion. On remplit alors la cuve de charbon ; ou boucha le fourneau , on le remit en activité deux jours après, quand tout fut réparé. Lors de ma visite, il marchait très-bien.; les charges descendaient régulièrement sans secousses. On travaillait à tuyère ouverte. Si maintenant l'on recherche quelle était l'ai_ Allure du fourlure du fourneau pendant les deux mois qui ont ndeeLlPeni,lodiasntqlue:

précédé l'accident ,

on

reconnaît qu'avant la pé- oi!L Précédé ré-

ven ement. riode de huit jours qui vient d'être décrite , refroidissement avait dû s'opérer dans l'appareil. Des laitiers s'étaient insinués dans la tuyère et en diminuaient la section ; la quantité de vent introduite dans le fourneau était moindre qu'à l'ordinaire ; on ne faisait plus que 3o charges en 24 heures, au lieu de bo. On avait travaillé pendant près de deux mois sans s'apercevoir de cette obstruction; on la découvrit enfin, et les choses avaient été remises en bon état. L'accident de Fade arriva trois semaines après Explosion du celui que je viens de décrire; personne n'en fut haut fourneau

victime. Une forte explosion eut lieu, non par la de Fade.

tympe, mais par le gueulard, le 8 janvier , après