Annales des Mines (1841, série 3, volume 19) [Image 87]

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i68 EXPLOSIONS DANS LES HAUTSFOURNEAUX

faut bien se garder d'en rien conclure de désavantageux contre un procédé qui a amené une grande économie dans la consommation des combustibles, et qui se répand chaque jour davantage. Cinq exrlosions Cinq explosions, dont trois surtout ont présenté (.,nt eu lieu en beaucoup de gravité, ont eu lieu dans une période trois ans,

de trois ans. Les quatre dernières sont arrivées, pour ainsi dire, coup sur coup. La première se fit clans le fburneau de Vendresse , arrondissement de Sedan, lequel marchait au bois torréfié et à l'air froid ; les matières ont été projetées hors de l'appareil par le gueulard. La seconde et la troisième se sont présentées à quelques jours d'intervalle dans le fourneau des Mazures , arrondissement de Rocroy, qui marche au vent chaud et au bois torréfié mélangé de charbon ; la première Ibis les matières ont été lancées par le gueulard, et la seconde fois par la tympe. La quatrième explosion eut lieu dans le haut-fourneau de la Commune, arrondissement de Mézières; les pro-

jections se firent par la tympe: Enfin , la cinquième

fut observée dans le fourneau de Fade, arrondisment de Mézières, lequel se vida en grande partie par le gueulard. Les fourneaux de la Com-

mune et de Fade marchent tous deux avec un mélange de charbon et de bois torréfié et au vent chaud. Je n'ai point eu connaissance en temps utile de l'accident de Vendresse , et les circonstances précises qui l'ont déterminé ne me sont point connues. Les deux explosions des Mazures, qui du reste n'ont pas présenté beaucoup de gravité , m'ont été connues que plus tard et lors de l'événement de la Commune. C'est ce dernier et celui de Fade que je vais relater avec quelque détail.

.PU DEPARTEMENT .DES ARDENNES.

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Le 18 décembre 184o , pendant la soirée, une n'Id."n du demi-heure après la coulée de la fonte, un courant de gaz sortit avec violence de la partie inférieure du fourneau au-dessus du creuset. Une forte détonation se fit entendre. Deux hommes qui se

trouvaient clans la direction du courant furent renversés et. brûlés ; l'un d'eux, cherchant à se sauver, se jeta au milieu des projectiles encore

rouges que l'on venait de couler ; on ne le retrouva qu'au milieu de la nuit, entièrement brûlé ; l'autre mourut le lendemain. Trois autres ouvriers furent assez grièvement blessés. Le feu se communiqua aux bâtiments de l'usine. En étudiant les circonstances dans lesquelles se Marche du feu-

trouvait le haut-fourneau avant l'explosion , on U,7pentql,e:i reconnaît que cet appareil marchait irrégulière- (ail précéd4 Une-

ment depuis une huitaine de jours, que les char_ ges descendaient par chutes successives, et que sur les 45 à 5o que l'on faisait dans les 24 heures, 4 à 5 présentaient cette allure irrégulière. Chaque descente brusque était accompagnée d'un jet de gaz qui s'élevait au-dessus du gueulard plus haut qu'à- l'ordinaire. Pendant cette période de huit jours l'embrasure de la tuyère était complétement fermée, comme cela se pratique depuis quelque temps dans beaucoup d'usines. Quelques heures avant la coulée qui précéda l'accident, la fonte étant entièrement grise, on jeta, pour la blanchir, par la tuyère et à diverses reprises, environi25kil. de minerai. Une heure avant cette coulée, il vint un laitier très-fluide, noir et chargé d'oxyde de fer, lequel annonce ordinairement une chute de mine. A ce moment on boucha la tyrnpe, afin de se préparer à couler la fonte, et à cet effet on laissa la croûte

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