Annales des Mines (1839, série 3, volume 16) [Image 196]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

382

SUR LES CALCITES ANTIIRACIFÈRES

schistes noirs impressionnés, à des poudingues quartzeux et à des schistes micacés; que ces roches alternaient elles-mêmes avec des calcaires grenus, des poudingues calcaires et des quartz compactes;

que ces diverses couches appartenaient par conséquent à une même formation évidemment différente des terrains primitifs. Comparant ensuite les couches qui, dans les Alpes, présentent tous les caractères de ces derniers terrains à celles qui renferment l'anthracite et les empreintes végétales, M. Brochant a fait remarquer qu'il existait entre elles de nombreuses analogies et des passages

insensibles, d'où il a conclu que le terrain de la Tarentaise était de transition, et que, vu sa liaison avec les roches primitives, il devait être considéré comme un des plus anciens de cette espèce. Cette conclusion, appuyée sur des faits positifs et parfaitement en harmonie avec les principes géo-

logiques adoptés en 1808, a pendant longtemps été regardée comme d'une vérité incontestable. En 1827, M. Élie de Beaumont, en parcourant les environs de Petit-Coeur en Tarentaise, découvrit des bélemnites dans des couches argilo-calcaires de cette localité, et acquit la preuve que ces couches alternaient avec des grès et des schistes

noirs impressionnés; que, par conséquent, elles faisaient partie du grand dépôt schisteux et arénacé décrit par M. Brochant. Ce fait nouveau, constaté par un observateur aussi habile, était déjà suffisant

pour faire sortir de la classe des terrains de transition les couches anthracifères de la Tarentaise. M. Élie de Beaumont est allé plus loin. En suivant le prolongement de ces couches dans la Maurienne, puis leur liaison avec celles qui constituent la mon-

DU DÉPARTEMENT DE L'ISÈRE.

383

tagne du Chardonnet, dans le département des Hautes-Alpes, il a fait voir par une suite de superpositions incontestables que les couches des envi-

rons de Petit-Coeur étaient les premiers termes d'une immense série de schistes argileux, plus ou moins calcaires, et/de grès à anthracite, ..dont la partie supérieure constituait les sommités du Chardonnet; que toutes ces couches, où l'on rencontre parfois des bélemnites , des pentacrinites , des ammonites et d'autres fossiles, appartenaient à une

seule formation, dont l'épaisseur totale, comptée perpendiculairement aux plans de la stratification, était au moins de deux mille mètres. Quoique mes

propres observations ne puissent rien ajouter à l'autorité du célèbre géologue que je viens de citer, je dirai cependant que son évaluation ne m'a paru nullement exagérée. C'est ce dont on se convaincra facilement en étudiant la formation dont il s'agit, depuis les environs de la Grave, où sa partie inférieure, correspondant aux couches de Petit-Cceur,

repose immédiatement sur le terrain de gneiss, jusqu'au sommet du Chardonnet où elle paraît se terminer par une assise puissante de grès quartzeux avec anthracite et empreintes végétales. On peut faire ce trajet de près de dix-huit kilomètres de longueur en suivant presque continuellement une

direction perpendiculaire à celle des couches, qui toutes plongent plus ou moins vers la région est et sont intimement liées entre elles. On sait que, dans la série des formations, les bélemnites n'ont pas descendu jusqu'à présent au-dessous du terrain jurassique. En se fondant sur ce caractère zoologique et sur la liaison des schistes de la Maurienne avec ceux des environs de Digne (Basses-Alpes ), reconnus pour appartenir au lias, M. Élie de BeauTome XVI, 1839. '25