Annales des Mines (1839, série 3, volume 16) [Image 197]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

384

SUR LES COUCHES ANTIIRACIEERES

mont a émis l'opinion qu'il fallait rapporter à ce dernier terrain la série entière des couches anthracifères dont nous avons parlé et en général les couches de même nature que l'on observe dans le Dauphiné et dans d'autres parties des Alpes : car, il est à remarquer que les empreintes végétales qui accompagnent les schistes à anthracite, soit à Petit-Coeur, soit au Chardonnet, c'est-à-dire aux deux extrémités de la formation, se trouvent aux environs de la Mure, à Valbonnais , au Mont-deLens et dans d'autres lieux; ce qui semble indiquer que tous ces dépôts, quoique situés à des étages

différents, appartiennent cependant à la même époque géologique.

L'opinion de M. Élie de Beaumont, adoptée par la plupart des géologues, n'a été admise qu'avec beaucoup de réserve par quelques antres, qui ont fondé principalement leurs doutes sur la nature des végétaux enfouis dans les formations à anthracite. Il résulte, en effet, de l'examen que M. Adolphe Brongniart a fait d'un grand nombre d'empreintes recueillies à Petit-Cur, au Chardonnet, aux environs de Briançon, à Valbonnais , à la Motte, au Peychagnard et ailleurs, que ces végétaux sont identiques avec les espèces les plus. caractéristiques des terrains houillers, tandis qu'ils n'ont aucun rapport avec les plantes propres au lias et aux terrains oolitiques. Pour concilier ce fait avec son opinion, M. Elie de Beaumont a supposé que les fossiles, dont il s'agit, ne provenaient pas d'une végétation locale, ce qui est assez vraisemblable d'après les circonstances de leur gisement ; mais que des courants les avaient amenés de régions lointaines, où les plantes houillères croissaient encore pendant que le lias se déposait

DU DÉPARTEMENT DE L'ISÈRE.

385

dans nos contrées. Cette explication , quelque ingénieuse qu'elle soit n'est pas à l'abri de toute objection. En supposant qu'à l'époque du lias ,

certaines portions du globe conservassent la végétation houillère , il faut nécessairement admettre que dans beaucoup d'autres lieux, et particulièrement en Europe, celle des formations jurassiques était devenue dominante. Par conséquent, il est naturel de croire que , si les dépôts anthracifères des Alpes datent de cette époque , les courants ont dû y charrier un mélange de plantes diverses, les unes appartenant à la flore des dépôts houillers les autres à celle des terrains postérieurs jusqu'au lias inclusivement : or, d'après M. Adolphe Bron-

gniart, ce mélange n'existe pas. Parmi les débris de plantes que ce savant a examinés , aucuns n'ont pu être rapportés sûrement à une époque plus récente que celle des houilles. Les caractères zoologiques des couches à anthracite des Alpes , et la nature des plantes qui y sont enfouies, conduisant à des conséquences dif-

férentes, il me semble que l'on doit renoncer à l'examen des fossiles pour la classification de ce terrain, et qu'il faut recourir aux moyens que nous fournit la géologie proprement dite, c'està-dire aux discordances de stratification et aux autres caractères d'indépendance qui sont encore les règles les plus sûres que nous ayons pour distinguer les formations. C'est ce que j'ai essayé de faire pour les dépôts anthracifères du département de l'Isère, en étudiant leurs relations géologiques avec les terrains supérieurs et inférieurs. On verra bientôt que mes conclusions sont différentes de celles de M. Elie de Beaumont mais je ferai avant une remarque essentielle, c'est qu'il n'est pas sûr,