Annales des Mines (1829, série 2, volume 5) [Image 29]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

56

.

MM. Dumas et Boullay disent qu'avant leur travail les éthers du troisième genre étaient considérés comme de véritables sels, dans lesquels l'alcool faisait fonction de base, et que rien n'auto-

risait à élever le plus léger doute sur des conclusions aussi sévèrement déduites des faits ; je dois m'inscrire ici contre cette assertion et déclarer que je n'ai jamais admis cette opinion.Voici ce que j'ai écrit dans le Dictionnaire de technologie

au sujet de l'éther acétique (T. 8, p. 315). c, On ignore dans quelle proportion ses élémens sont combinés ; mais généralement on le regarde

comme uniquement formé d'alcool et d'acide acétique. Cependant, il faut l'avouer, il est bien difficile d'admettre un semblable résultat : com-

ment concevoir, en effet, que de l'alcool qui, dans les circonstances ordinaires, montre une indifférence absolue pour les acides , devienne, dans quelques cas particuliers , susceptible de les

saturer à la manière des alcalis les plus énergiques, et comment admettre encore que les acides végétaux, qui jouissent d'affinités si faibles, puissent contracter une union assez intime avec un corps qui n'est décidément pas alcalin, pour masquer leur propriété caractéristique, et ne parait-il pas plus vraisemblable qu'il 's'opère quelque mutation dans l'ordre des combinaisons des principes, et qu'il se passe là quelque chose d'analogue à ce qui a lieu dans la combinaison de l'acide oxalique avec l'oxide de plomb ? Quant à moi, je demeure tout à fait convaincu qu'on est sur ce point fort éloigné de la vérité. ». MM. Dumas et Boullay regardent les éthers comme des sels formés d'un acide uni à une base

nouvelle, et cette base est l'hydrogène bicar-

EXTRAITS DE JOURNAUX.

57

boné ; mais en faisant pour -un instant abstraction de la neutralité des éthers composés, comment concevoir que l'hydrogène, bicarboné soit réellement un alcali et dans quelle autre occasion manifeste-t-il son alcalinité? On dit que son insolubilité ne permet pas de la rendre sensible. Cependant les chimistes admettent que l'eau en dissout environ + de son volume, et cette proportion n'est-elle pas suffisante pour qu'un corps qui possède une énergie saturante égale à celle

de l'ammoniaque puisse ramener au bleu le tournesol rougi? Et s'il est vrai, comme on l'a avancé, qu'on ait obtenu des composés solides et liquides, contenant les mêmes proportions d'hy-

drogène et de carbone, que l'hydrogène bicarbone , comment expliquer que ces composés ne manifestent aucune alcalinité? Et d'ailleurs, si cette alcalinité de l'hydrogène bicarboné est telle qu'on le prétend, comment se fait-il qu'on n'en puisse opérer la combinaison directement avec les acides, et comment concevoir que, dans l'opération même que nous pratiquons pour nous procurer ce prétendu alcali, nous soyons obligés d'avoir recours à l'emploi d'un acide pour l'isoler des corps avec lesquels il est uni, et que cet acide le laisse dégager sans se combiner avec lui ? IL y a plus , un autre acide prend naissance dans l'opération même et en même temps que l'hydrogène bicarboné ; ils se dégagent simultanément, et certes les circonstances se trouvent bien, dans ce cas, les plus favorables possible à la combi-

naison : à quoi tient donc qu'elle ne s'effectue pas, etc.? Je pense qu'on ne peut considérer les éthers que comme des composés dans lesquels les élé-