Annales des Mines (1883, série 8, volume 2, partie administrative) [Image 38]

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CIRCULAIRES.

CIRCULAIRES.

La langue ainsi retenue ne pourra plus, en tombant en arrière, obstruer la gorge et empêcher le passage de l'air.

elle guérissent même rapidement, pourvu qu'elles ne soient pas accompagnées

Après cinq ou six pressions, on s'arrêtera pour observer si la respiration est rétablie. Les frictions sur les membres doivent être faites concurremment par d'autres personnes. Au début, les pressions doivent être exercées quatre à cinq fois par minute, puis, en activant graduellement la manœuvre, on les reproduit dix, douze jusqu'à quinze fois dans une minute. On imite ainsi le temps et les mouvements de la respiration naturelle qu'il s'agit de rétablir. On doit continuer ces manœuvres, même si elles restent sans succès apparent, pendant au moins deux houres, jusqu'à ce que le patient commence à respirer. On ne doit pas interrompre ces premières et courtes inspirations naturelles, mais les aider par des pressions faites à propos. On doit se souvenir toujours que la persistance énergique dans des soins bien dirigés est souvent suivie de succès inespérés. Pendant qu'on s'occupera de rétablir la respiration, dès que l'on pourra disposer des moyens de réchauffer le noyé, on les appliquera sans relâche. On promènera des fers à repasser chauds, par-dessus la chemise ou le peignoir, sur la poitrine, au creux de l'estomac, sur le bas-ventre, au pli des aisselles; on frictionnera les cuisses et les extrémités inférieures avec des étoffes en laine. On frottera la plante des pieds, l'intérieur des mains. Aussitôt que la respiration sera rétablie, le patient sera déshabillé complètement; il sera enveloppé dans des couvertures de laine, mis au lit dans une chambre convenablement chauffée, mais où l'air frais circulera librement, et on le laissera absolument tranquille. Son repos ne sera interrompu que pour lui donner du grog à l'eau-de-vie chaud ou tout autre stimulant que l'on aura sous la main, à petite dose, toutes les dix ou quinze minutes pendant la première heure, et ensuite aussi souvent qu'il semblera nécessaire. Dans aucun cas, il ne faut introduire le moindre liquide dans la bouche d'un noyé, à moins qu'il n'ait repris l'usage de ses sens et qu'il puisse avaler facilement. Nous conseillons d'exercer les mineurs aux manœuvres décrites dans l'instruction précédente. ' En moins d'une heure, chacun pourra acquérir l'habileté suffisante pour la bonne exécution des moyens proposés.

BRÛLURES. Dans les mines, les brûlures par le grisou sont les plus fréquentes et les plus graves; les autres sont généralement insignifiantes et méritent à peine d'être mentionnées. Le grisou enflammé est doué d'une température très élevée, et cependant il ne produit que des brûlures qui ne dépassent guère le 3e degré; cela tient à ce qu'il a un trajet très rapide: il passe comme l'éclair, disent les ouvriers. La gravité des brûlures causées par le grisou dépend de leur étendue. On peut dire d'une manière générale que, si elles occupent plus de la moitié de la surface du corps, elles sont mortelles, soit par la douleur, soit par des congestions viscérales intenses. Si elles sont plus circonscrites,

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des complications dont nous allons parler. On a signalé quelques cas d'ouvriers qui, après une explosion de grisou, avaient été brûlés légèrement et surtout à la figure; ils étaient rentrés à pied à leur domicile; après l'accident ils avaient mangé et ne semblaient pas gravement atteints. Cependant ils moururent d'étouffement le second ou le troisième jour. Dans un cas, on constata à l'autopsie une rougeur intense de la partie inférieure de la trachée; la muqueuse des grosses bronches tuméfiée, couleur lie de vin, ramollie, se dissociant sous un mince filet d'eau. Les petites bronches étaient obstruées par le gonflement de la muqueuse; il paraît probable, dans ces cas, que les ouvriers ont avalé le feu, suivant leur langage expressif. (Riembault.) Secours aux brûlés. — Il ne sera pas question ici des brûlures légères qui n'ont d'autre inconvénient que do déterminer une incapacité de travail de quelques jours, qui réclament seulement un peu d'huile ou de cérat, et que tout le inonde sait panser. Les mineurs surpris par un coup de grisou ont les cheveux, la barbe, la ligure, le dos, la poitrine, les bras brûlés, c'est-à-dire la partie supérieure du corps. Quelquefois aussi, rarement cependant, le ventre, le dos, les membres inférieurs sont atteints. C'est un horrible spectacle que de voir ces malheureux, noirs de charbon, à demi-nus (leurs vêtements sont à demi-consumés et collés sur la peau), tremblants de froid et de fièvre, hurlant de douleur, s'agitant, ne pouvant ni s'asseoir, ni même s'appuyer, à cause de leurs plaies. Voici la conduite à tenir : i° Autant que possible, le pansement devra être fait dans la mine, ou tout au moins dans la chambre de la machine du puits. 2° On enlèvera ce qui reste de leurs vêtements en les coupant avec des ciseaux. 3» On no cherchera pas à enlever la poudre de charbon qui recouvre leur corps; elle n'est pas nuisible. Il n'en est pas de même des petits grains de charbon, anguleux, de dimensions variables, gros quelquefois comme un noyau de cerise; ces grains devront être enlevés un à un, soit avec un cure-dents, soit avec un instrument analogue, une allumette taillée en pointe, par exemple. Cette espèce d'épluchement sera fait minutieusement; un corps étranger de cette nature, de cette forme, que la pression d'un bandage enfonce dans la peau enflammée, causerait des douleurs intolérables. 4° On ne lavera pas les plaies, on les enduira d'une couche d'huile (huile d'olives ou d'amandes douces), et on enveloppera le malade de coton ouaté ; le coton hygroscopiqne, complètement dégraissé, est celui qui convient le mieux. On en applique une triple ou quadruple couche sur le thorax, couche suffisamment large pour couvrir les flancs; on agit de même pour le dos, les bras, etc. ; le tout est assujetti par quelques tours de bandes; il ne faut pas craindre de serrer fort; le coton se lasse. On a ainsi habillé le patient d'une couche épaisse de coton; il pourra, dès lors s'appuyer sur le dos, se coucher, s'asseoir; il en a grand besoin, il est