Annales des Mines (1883, série 8, volume 2, partie administrative) [Image 37]

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CIRCULAIRES.

CIRCULAIRES.

sévérance, ranimer des asphyxiés. On enlend un léger soupir qui se renouvelle au bout de quelques minutes, el la respiration ainsi que la circulation reprennent leur cours. Aussitôt que le malade donne un premier signe de vie, on le place dans un lit chaud; on lui fait avaler quelques cuillerées d'eau mêlée avec de l'eau-de-vie, du rhum, de la chartreuse, ou tout autre cordial, et on a soin

Pour essayer cependant de remplir ces deux indications, on laissera le noyé dans la mine, si l'air n'y est pas trop altéré, en le plaçant près des ouvertures. Dans le cas contraire, on le remontera au jour le plus vite possible, en évitant les secousses et les mouvements rudes et, soit en attendant que la cage soit prête, soit lorsque le patient y sera déjà installé, on nettoiera la bouche et les narines sans perdre une minute ; on dégagera la poitrine et le ventre, en relâchant ou en coupant les vêlements. On aura soin d'éloigner du patient les personnes inutiles, afin que l'air frais puisse lui arriver aussi largement que possible. On frictionnera à sec et rapidement les parties découvertes; enfin, on donnera, avec la main ouverte, deux claques vives et bien appliquées sur la région de l'estomac. Si ces premiers moyens ne réussissent pas, on pratiquera immédiatement la respiration artificielle. De la benne ou de la cage, le noyé parvenu au jour sera transporté, toujours doucement et sans brusquerie, dans la chambre de la machine, soit à bras d'homme, soit sur un brancard, s'il s'en trouve un tout prêt. Il faut être pénétré de cette vérité que, dans le traitement des noyés, la promptitude, la douceur et la persévérance sont absolument nécessaires pour assurer le succès. Que le noyé soit dans la mine ou qu'il ait été porté au jour, on pratiquera la respiration artificielle de la façon suivante : le patient sera tourné sur le ventre; on placera, sous l'estomac, un rouleau de vêtemeuts bien serré et noué; le front du malade sera posé sur l'avant-bras droit un peu replié, en inclinant sa tête de manière à .tenir sa bouche éloignée du sol. S'agenouillant alors, avec les deux mains étendues on pressera sur le dos du patient, de tout son poids, à deux ou trois reprises, dans l'espace d'une demiminute. Ces pressions ont pour but de faire sortir l'eau, les mucosités, et autres matières accumulées dans la bouche, dans la gorge et dans l'estomac. On tournera ensuite le patient sur le dos, la face en haut. Le rouleau de vêtements sera placé sous les reins, de telle sorte qu'il fasse saillir les fausses côtes à un niveau un peu supérieur à celui de la bouche. Une personne placée en avant du noyé et, pour ainsi dire, à cheval sur lui, élèvera et abaissera successivement les membres supérieurs, do façon à établir une respiration artificielle. On pourra alterner ce moyen avec le suivant : on se mettra à genoux, à cheval sur les hanches du patient. Les coudes bien appuyés au corps, on appliquera les deux mains, les doigts étendus sur la base de la poitrine, et saisissant ainsi la taille à la hauteur des fausses côtes, on exercera des pressions intermittentes, pesant de tout le poids du corps sur les mains, déprimant fortement les côtes, comme si on voulait faire évacuer vers la bouche tout ce qui est contenu dans la poitrine. Puis on se rejettera brusquement en arrière, dans la première position. Pendant ce temps, un assistant a relevé les deux bras du malade, les a allongés et maintenus à terre avec la main gauche, puis, avec la main droite, à l'aide d'un mouchoir sec, il saisit la pointe de la langue et la lire hors de la bouche.

d'aérer convenablement la chambre où il repose. Il nous reste à indiquer brièvement trois moyens de traitement que le médecin seul peut employer : A. Insufflation d'air ou d'oxygène dans les poumons. B. Ouverture de la trachée, afin do pousser de l'air ou de l'oxygène dans les poumons. C. Transfusion du sang. On a, dans ces derniers temps, perfectionné les procédés de la transfusion. Ce dernier moyen, qu'on ne doit employer que dans les cas extrêmes, compte des succès. Enfin, il ne faut pas recourir à la saignée, « qui est une mauvaise chose dans l'asphyxie par le charbon ; car on soustrait des globules sanguins à un organisme qui les a déjà perdus en partie. »

ASPHYXIE PAR SUBMERSION.

PREMIERS SECOURS A ADMINISTRER AUX NOÏÉS.

Dans les mines, il y a deux causes d'asphyxie par submersion : i? chute dans le puisard; 2° percement d'eau. i° Les chutes dans le puisard peuvent êlre simples ou compliquées : simples, quand le patient tombe, d'un lieu peu élevé, directement dans l'eau, ou quand, par une fausse manœuvre du machiniste, la cage ou la benne qui le porte plonge dans l'eau; compliquées, quand il est précipité d'un lieu élevé et qu'il s'est heurté contre les parois du puits avant d'être immergé. 20 Dans les percements d'eau qui occasionnent l'asphyxie par submersion, il est bien rare que le patient soit simplement noyé : la plupart du temps, roulé par le torrent avec des bois, des moellons, contre les parois des galeries, il est meurtri, assommé, broyé. Quoi qu'il en soit, blessés ou non, les noyés des mines ont besoin des mêmes secours que les autres noyés; ce qui presse avant tout, c'est de ranimer la vie près de s'éteindre; plus tard, s'il y a lieu, on songera à réduire les fractures, à panser les plaies. Dans l'intérieur des travaux, tout manque pour les secours à donner aux noyés. On ne peut pas coucher commodément le patient pour pratiquer des frictions, pour opérer la respiration artificielle. Il n'y a pas de linge chaud, l'air est souvent mauvais ; il faut donc remonter le noyé au jour. On se trouve ici en présence de deux indications presque contradictoires. D'un côté, il ne faut bouger le noyé que le moins possible, d'un autre côté, il importe que l'air frais lui arrive largement.