Annales des Mines (1882, série 8, volume 1, partie administrative) [Image 81]

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COMMISSION

DU

GRISOU.

Vitesse de propagation de l'inflammation. — Les expériences entreprises autrefois sur les vitesses de propagation dans les mélanges de grisou et d'air ont été reprises par la sous-commissiou et étendues à d'autres mélanges explosifs. Ces expériences ont constaté de nouveau que la vitesse de propagation dans les mélanges grisouteux est très faible et ne dépasse guère om,6o par seconde. Elles ont, de plus, montré dans quelle proportion cette vitesse s'atténue lorsqu'on mélange du gaz avec une certaine proportion d'azote ou d'acide carbonique. Elles ont permis en outre de bien mettre en lumière un fait important qui avait été déjà constaté par MM. Schlœsinget Démondésir dans des expériences restées à peu près inédites. Il consiste en ce que la vitesse avec laquelle s'effectue la propagation réelle de la flamme dans un mélange détonant quelconque est extrêmement variable avec les circonstances de l'inflammation. Dans les gaz en repos, et lorsque l'inflammation peut se propager sans mettre en mouvement la portion non encore brûlée du gaz, la propagation se fait régulièrement et lentement avec une vitesse égale à celle qu'ont fixée les expériences de la commission, et qu'on peut appeler la vitesse normale. Si, au contraire, le gaz dans lequel se fait la propagation est agité par des mouvements irréguliers, susceptibles de brasser la masse gazeuse, ou si l'inflammation ne peut se propager qu'en produisant dans la portion non brûlée de semblables mouvements, la propagation peut croître énormément jusqu'à devenir presque foudroyante. C'est ainsi que les expériences de la sous-commission on! montré que si l'on remplit d'un mélange détonant un tube de verre fermé par un bout et ouvert à l'autre, la propagation se fait, au moins pour les mélanges à faible vitesse normale, suivant cette vitesse même; il n'y a pas de détonation, et l'on peut suivre très aisément à l'œil la flamme parcourant lentement toute la longueur du tube. Si, au contraire, l'inflammation est mise du côté de l'extrémité fermée du tube, il se produit une explosion violente, et la flamme parcourt le tube avec une rapidité qui n'a pu être mesurée exactement, mais qui paraît atteindre 100™ par seconde. Avec les mélanges d'hydrogène et d'oxygène cette vitesse peut aller jusqu'à 1,600™ par seconde, comme l'a observé M. Bertheloi dans des expériences analogues. La connaissance de ce fait permit de se rendre compte des dif-

COMM1SSION DU GRISOU.

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férences considérables qui se produisent dans la violence des coups de grisou. Supposons, par exemple, un chantier ouvert seulement à l'une de ses extrémités et rempli d'un mélange explosif. Si l'inflammation y est produite par la lampe ouverte d'un ouvrier entrant dans le chantier, l'inflammation s'y propagera lentement et sans bruit; si, au contraire, l'inflammation est produite par l'ouverture, à un certain moment, de la lampe de sûreté d'un ouvrier travaillant au fond du chantier, l'inflammation pourra être soudaine et accompagnée d'un bruit intense ainsi que d'effets mécaniques violents. Température de combustion. — Il est souvent intéressant, pour la pratique de l'art des mines, de connaître la température et la pression développées par la combustion du grisou. De nombreuses expériences ont été faites sur ce sujet par la sous-commission, et étendues à un grand nombre de mélanges gazeux inflammables. On a déterminé, dans ces expériences, la pression développée par la détonation de ces mélanges en vase clos. On a pu constater ainsi que la pression développée par le mélange tonnant de grisou et d'air faisant explosion dans un espace fermé est égale à sept atmosphères environ. Cette donnée permet de calculer la résistance qu'il faudrait donner aux portes destinées à isoler, dans un coup de feu, les divers quartiers les uns des autres. On peut déduire de ce nombre la température de combustion, en vase clos, du mélange tonnant de grisou et d'air. Cette température est égale à environ 2,200°. A cause de la différence des chaleurs spécifiques à pression constante et à volume constant, la température de combustion à l'air libre doit être inférieure de 200 à 5oo° ; mais on ne connaît malheureusement aucun moyen expérimental de la fixer d'une manière précise. Diffusion. — Parmi les propriétés physiques du grisou, il en est une qui lui est commune avec tous les gaz, celle de la diffusion. 11 est bon de s'y arrêter quelques instants, car on a quelquefois réclamé, comme nécessaire, une étude détaillée de ce phénomène. Quelques ingénieurs avaient émis cette hypothèse, à l'appui de laquelle ils n'apportaient d'ailleurs ancun fait précis, que le mélange de grisou et d'air, même supposé parfait, pouvait cependant se séparer en ses éléments, par une sorte de liquation analogue à celle qu'on observe dans des mélanges formés par certains liquides de densités différentes.