Annales des Mines (1882, série 8, volume 1, partie administrative) [Image 82]

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COMMISSION DU GRISOU.

COMMISSION DU GRISOU.

Bien que cette hypothèse fût en contradiction avec toutes les données de la science, la commission l'a cependant soumise au contrôle de l'expérience. Celle-ci a démontré très nettement que l'hypothèse est fausse et que le grisou et l'air une fois mélangés ne se séparent plus. On sait d'ailleurs, et aucune expérience nouvelle n'est nécessaire à cet égard, que le mélange intime des deux gaz est difficile. Cette difficulté, qui existe pour tous les gaz, est plus grande encore pour le grisou et l'air à cause de la grande différence de densité qu'ils présentent entre eux. Le mélange par simple diffusion est très lent, et par conséquent, il ne faut point y compter pour assurer la sécurité des travaux de mines. Il est indispensable, et c'est un fait sur lequel on ne saurait trop appeler l'attention des mineurs, d'opérer, par une action mécanique, le brassage du gaz, tout en évitant avec soin de produire dans l'air des remous violents au voisinage des lampes de sûreté. Aucune expérience ne semble d'ailleurs pouvoir être tentée pour préciser le degré d'agitation qui assure un mélange complet. Il ne nous semble donc pas, malgré l'importance qu'on doive attacher à cette question dans la pratique de l'exploitation, qu'il y ait lieu d'entreprendre de nouvelles recherches expérimentales

librer la pression interne. Le taux de ce dégagement est encore très variable, et dépend non-seulement de la pression interne, mais encore de la perméabilité du charbon, c'est-à-dire des résistances plus ou moins grandes qui s'opposent à l'écoulement du gaz à travers les pores du combustible. Cette perméabilité peut varier à tel point que M. Lindsay Wood a observé que, dans certains cas, les dégagements les moins abondants pouvaient se rencontrer avec les pressions internes les plus intenses. Le dégagement du gaz peut d'ailleurs durer pendant fort longtemps à travers la même surface. En partant de ces faits, M, Arnould, dans son beau mémoire sur les dégagements instantanés de grisou, a montré que lorsqu'on a mis à découvert, par l'abatage, une certaine surface de la couche, il s'établit, dans le grisou que contient la houille, une répartition de la pression qui part de zéro pour augmenter graduellement à mesure qu'on s'avance dans l'intérieur du massif. Il est aisé de tirer des expériences de M. L. Wood que la loi de variation de la pression est la même que celle de la variation de la température dans un corps chaud soumis à un refroidissement superficiel. Si la tension originelle du grisou dans le massif vierge n'est pas trop grande, et si l'abatage marche assez lentement, pour que la tension superficielle ne soit jamais trop forte, le dégagement du grisou se fait d'une manière régulière et la quantité de gaz produite en un temps donné est à peu près proportionnelle à la quantité de houille abattue; le taux de cette proportion pouvant d'ailleurs varier considérablement non seulement d'une mine à une autre, mais encore d'un point à un autre de la même mine. Tel est le mode de dégagement du grisou que l'on peut appeler normal et qui paraît être le plus habituel à nos exploitations, comme à celles de l'Allemagne. MM. Pernolet et Aguillon, dans l'important rapport de mission qu'ils ont adressé à la commission et dont il sera parlé plus loin, ont étudié les modes de dégagements exceptionnels que l'on a constatés en Belgique et en Angleterre. En Belgique, ce sont principalement les dégagements qu'on a nommés instantanés. Ils paraissent dus, d'après Arnould, à une tension considérable du grisou dans le massif vierge liée à une faible ténacité de la houille qu'il imprègne. La vitesse de dégagement peut alors acquérir une grandeur telle que ce dégagement se transforme en une véritable explosion mettant en liberté en un temps extrêmement court un énorme volume de gaz, en s'ac-

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sur ce point. 2° GISEMENT ET MODE DE DÉGAGEMENT DU GRISOU.

La question du gisement du grisou et de son mode de dégagement a naturellement beaucoup préoccupé les mineurs. Sur ce point, si l'on est encore divisé sur certaines interprétations théoriques, on est d'accord sur presque tous les faits qui peuvent intéresser la pratique. On sait que le gaz se trouve emprisonné dans les pores de la houille et quelquefois, quoique plus rarement, dans certaines couches poreuses du terrain houiller. Le gaz contenu dans la houille y possède un état de tension qui, comme l'a constaté en Angleterre M. Lindsay Wood dans une série d'expériences très remarquables, est extrêmement variable d'une couche à une autre, et même d'un point à un autre d'une même couche. M. Lindsay Wood a mesuré des tensions égales à 3o atmosphères, et il est vraisemblable qu'il peut se rencontrer des pressions plus considérables encore. Le gaz commence à se dégager dès que, par la mise à nu d'une certaine surface de la houille, la pression extérieure cesse d'équi-