Annales des Mines (1869, série 6, volume 8, partie administrative) [Image 10]

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LOIS,

DÉCHETS

ET ARRÊTÉS

L'administration a toujours favorisé le développement de ces établissements autant que le lui ont permis les ressources mises à sa disposition par le budget. L'école deGrignon, après un court temps d'arrêt causé par l'étude d'une transformation qu'entraînait l'expiration des conditions particulières de son service cultural, a repris, cette année, sa marche régulière et normale. Elle a reçu, depuis trois ans, de notables accroissements dans ses installations intérieures et ses moyens d'enseignement scientifique. Les écoles de Grandjouan et de la Saulsaie ont également vu augmenter, l'année dernière, leur matériel d'enseignement et de culture, à l'aide d'une allocation spéciale fournie par le budget. Au-dessous des écoles impériales d'agriculture et formant le premier degré de notre système d'enseignement, se trouvent les fermes-écoles qui sont fondées sur le principe, adopté a l'origine et constamment maintenu en vigueur, de l'intervention et de l'action de l'industrie privée, seulement subventionnée par l'État dans certaines limites et à certaines conditions déterminées. Ainsi l'exploitation de la ferme est laissée exclusivement aux risques et périls du propriétaire ou fermier du domaine, directeur de l'établissement, et l'État ne prend à sa charge que lesfrais de la rémunération du personnel enseignant et le prix de la pension des apprentis, pension qui, jointe à leur travail, est allouée au directeur pour l'indemniser des dépenses do nourriture et d'entretien de ces jeunes gens. Les apprentis des fermes-écoles doivent donc prendre une part personnelle et directe aux travaux de l'exploitation sous la conduite et avec les eonseils de leurs maîtres, comme le feraient des ouvriers à gages, et leur enseignement consiste dans de simples démonstrations, explications ou conférences faites dans les champs, les écuries et les étables, puis rédigées et mises en ordre dans des dictées, au lieu des règles uniformes d'un cours qui ne sauraient leur être utilement applicables. Le but de la ferme-école est donc de former à l'agriculture des agents inférieurs, des contre-maîtres, des aides ruraux, de petits cultivateurs adroits, instruits, intelligents, capables de comprendre et d'appliquer les améliorations. La culture doit y être sagement progressive, mais surtout profitable dans la mesure compatible avec les conditions locales. La pensée de l'organisation des fermes-écoles, telles qu'elles fonctionnent encore aujourd'hui, remonte à l'année 1839, pendant laquelle il en a été ouvert deux qui sont toujours en exercice dans les départements des Bouches-du-Rhône et de la Dordogne. Depuis

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MINES.

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lors, la loi du 3 octobre 18/18 est venue régulariser leur existence. Aux termes de l'article Zi de cette loi, il devait y avoir d'abord une ferme école dans chaque département, et cette institution devait être étendue ensuite à chaque arrondissement. NéanmoinSj les fermes-écoles n'ont jamais été au nombre de plus de 70 : ce fut en i85o. Depuis, en raison soit de réductions opérées sur les allocations budgétaires, soit de suppressions ou d'extinctions qui nlont pas été suivies de remplacements dans la même proportion, ce nombre est successivement descendu et n'est plus actuellement que de 5i. Cependant on peut affirmèr que les fermes-écoles ont généralement rempli la tâche qui leur avait été imposée, que la plupart d'entre elles fonctionnent bien, qu'elles sont en possession de la confiance des populations rurales qui leur envoient leurs enfants, et que les apprentis qui en sortent se placent facilement chez les cultivateurs. Il est donc juste de leur faire leur part dans les progrès agricoles constatés de nos jours. Aussi l'administration, persuadée de leur utilité, est-elle entrée depuis deux ans avec plus de suite dans la voie des créations nouvelles ou du remplacement des établissements qui venaient à disparaître. C'est ainsi qu'une ferme-école a été instituée dans le département du Morbihan, auprès de Napoléonville, sur le domaine du Grand-Resto, dont elle met les cultures à la disposition des élèves du lycée de ladite ville; qu'une autre a été formée dans le département de la Meurthe, à la Mal-Grange, près de Nancy ; une troisième à SaintEloi, dans l'arrondissement de Vassy, Haute-Marne; une quatrième à la Chassagne, dans l'arrondissement de Saint-Flour, Cantal, pour continuer les essais de perfectionnement de la fabrication du fromage, commencés par les soins et aux frais de l'État, à la vacherie de Saint-Angeau, et auxquels la suppression de cet établissement va mettre fin à partir du mois de mars 1869. Une cinquième vient d'être créée dans la région du sud-ouest, sur le domaine de la Machorre, commune de Saint-Martin-de-Sestas, canton de Saint-Macaire, arrondissement de la Réole, Gironde. Elle sera particulièrement consacrée à la culture de la vigne, et elle initiera ainsi les apprentis aux meilleures méthodes de production des récoltes qui forment la principale richesse de leur pays. Enfin, la création d'une sixième ferme-école, demandée dans le département du Doubs, est en cours d'instruction. Mais, en même temps, l'administration a reconnu la nécessité de certaines modifications dans l'ensemble de l'institution des fermesécoles, sous le rapport notamment du chiffre des allocations du trésor public. A cet égard, leur régime est resté tel qu'il avait été