Annales des Mines (1869, série 6, volume 8, partie administrative) [Image 9]

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LOIS,

DÉCRETS ET ARRÊTÉS

des grains et le renchérissement qui en est résulté dans le prix du pain, ont été combattus par tous les moyens dont pouvaient disposer les administrations locales, ainsi que la charité publique et privée. A Paris, la ville, en sacrifiant une faible partie des ressources qu'elle s'était ménagées dans ce but spécial, a pu maintenir constamment le prix du pain à un maximum déterminé; dans les départements, des mesures destinées au soulagement des classes pauvres leur ont permis de traverser la crise sans en ressentir trop cruellement les effets. Les consommateurs eux-mêmes se sont efforcés, sur bien des points, de protéger leurs propres intérêts par la création de sociétés coopératives, soit pour tous les objets d'alimentation indistinctement, soit pour le pain seulement, et ces sociétés ont pu fournir à leurs adhérents les moyens de se procurer, aux meilleures conditions possibles, les denrées de première nécessité. Malgré quelques insuccès, ces sociétés paraissent avoir rendu des services réels; leur nombre est déjà assez considérable; on en a constaté jusqu'ici l'existence dans plus de cinquante départements, et elles paraissent devoir se multiplier encore. Enfin, l'année qui vient de s'écouler a fourni une preuve nouvelle qu'avec l'action, de jour en jour plus énergique et plus développée, de l'esprit d'association, et avec les moyens dont on dispose aujourd'hui pour conjurer les crises alimentaires, les disettes, si redoutables autrefois, ne sont pour ainsi dire plus à craindre, et que les mauvaises récoltes, tout en occasionnant des souffrances passagères, ne peuvent pas créer de dangers sérieux. A l'époque où a été présenté le dernier exposé de la situation de l'Empire, le rapport du commissaire général de l'enquête agricole se terminait et il devait être prochainement distribué aux membres de la commission supérieure. La distribution de ce travail a eu lieu, en effet, au commencement de l'année 1868 ; et les séances de la commission auraient pu être reprises dès cette époque, si l'impression des nombreux volumes de l'enquête avait été assez avancée. Mais, bien qu'elle ait été poursuivie avec toute l'activité possible, c'est dans ces derniers temps seulement, alors qu'une vingtaine de volumes de cette grande publication pouvaient être mis entre les mains des membres de la commission supérieure, qu'il a paru possible de leur demander de reprendre la tâche interrompue et de venir donner au gouvernement leur utile concours, * en préparant, par une discussion approfondie, la solution des importantes questions résultant de l'enquête. La commission a consacré tout récemment sept séances consécutives à un examen préparatoire de toutes les questions qui lui étaient soumises et qui

SUR

LES MINES.

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étaient au nombre de près de deux cents. Un rapport adressé à l'empereur par M. le ministre de l'agriculture, du commerce et des travaux publics, et qui vient d'être publié, a fait connaître les résolutions qui ont été dès à présent adoptées, et les phases ultérieures que le travail de l'enquête a encore à parcourir pour arriver définitivement à son terme. I Un des besoins de notre agriculture, au milieu des aspirations lliui la sollicitent vers le progrès, consiste dans le développement de l'instruction agricole sous toutes ses formes et à tous ses degrés. C'est un des points sur lesquels les dépositions recueillies dans l'enquête se sont réunies avec le plus d'insistance et d'ensemble, et l'administration s'occupe d'apporter à nos institutions d'enseignement, telles quelles résultent delà loi du 5 octobre 1848, toutes les améliorations propres à les élever au niveau des exigences nouvelles de la situation actuelle. Parmi les vœux qui ont été déposés dans l'enquête en faveur du développement de l'instruction agricole, un certain nombre avaient trait à la restauration, pour l'agriculture, d'un enseignement scientifique supérieur analogue à celui que possèdent d'autres services publies. I L'administration s'est empressée de faire procéder à l'examen de cette question. Une commission constituée sous la présidence de il. le sénateur Dumas, et formée de notabilités choisies dans lesgrands corps de l'État, dans l'administration et dans l'agriculture, a été chargée de rechercher les voies et les moyens de la réorganisation demandée. Cette commission s'est réunie cette année ; elle a consacré plusieurs séances à des études approfondies, et elle a formulé ses propositions dans un rapport qui est en ce moment soumis au jugement de la commission supérieure de l'enquête. Les écoles impériales d'agriculture constituent le degré secondaire du système d'enseignement organisé par la loi du 5 octobre i8£i8. Particulièrement affectées aux régions qui forment leur circonscription, elles réunissent à l'enseignement théorique l'exemple, autant que possible, des cultures les plus généralement en usage dans la région, et l'expérience, restreinte aux besoins de la même contrée, des améliorations à introduire. Véritables écoles d'application agricole, elles préparent à l'agriculture, au moyen de l'action combinée de la science et de la pratique, des chefs d'exploitation éclairés et disposés à appliquer avec prudence et sagacité les perfectionnements dont ils ont dû puiser l'inspiration et les éléments dans l'enseignement de l'école.