Annales des Mines (1914, série 11, volume 5) [Image 163]

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LÉS EXPÉRIENCES DE COMMENTRY

duction d'une inflammation initiale de poussières d'une vivacité déterminée. Le raisonnement indiquait déjà qu'en plaçant le point initial au fond fermé d'une longue galerie droite, sans détente possible en arrière ou sur les côtés, comme à Liévin, on réalisait la disposition la plus favorable au déclenchement du coup de poussières ; car, dans ce cas, les chasses d'air auxquelles donnent naissance, d'une part la détonation de l'explosif ou le coup de grisou initial, d'autre part, la combustion des premières masses de nuages poussiéreux, sont canalisées dans une direction unique, celle que suivra l'explosion ; si la galerie est rectiligne et non obstruée, ces mouvements d'air, avantcoureurs del'explosipn, s'en vont produire au loin le soulèvement des poussières, et créent dans l'atmosphère poussiéreuse une agitation essentiellement favorable à la propagation de l'explosion, agitation d'autant plus vive que les chasses d'air sont plus rapides. Tout obstacle qui brise le mouvement de l'air, toute détente qui le divise en diminuant la vitesse de chaque fraction du courant, ont pour effet de rendre moins complet le soulèvement des poussières, moins vive l'agitation, moins facile le déclenchement de l'explosion généralisée. On connaît déjà plusieurs exemples de ces effets. Dans la galerie anglaise d'Altofts, il a été plus aisé qu'à Liévin d'amortir une explosion dans une zone de schistes purs, malgré la plus grande vivacité de combustion que devaient produire les remous dus aux cadres de boisage dont était munie la galerie ; c'est que l'explosion prenait naissance, non au fond d'un cul-de-sac, mais vers le milieu d'une galerie rectiligne, et elle était amorcée dissymétriquement ; en arrière du canon principal, la combustion initiale était moins vive, à cause de la dissymétrie du tir, et l'explosion s'amortissait rapidement, faute de gisement de poussières favorable à la propagation ; de ce côté se produisait donc une détente qui ne tardait pas à affecter

SDR LES INFLAMMATIONS DE POUSSIÈRES

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l'explosion principale se dirigeant en sens opposé, vers la zone de schistes ; cette détente en arrière favorisait l'amortissement de l'explosion. Dans la galerie de Liévin, à une certaine époque, on ne s'est pas suffisamment méfié de certaines fuites se produisant dans le fond fermé de la galerie; on a constaté à un moment que les explosions s'amorçaient plus difficilement et avaient une plus facile tendance à s'amortir ; quelques essais systématiques ont achevé de mettre en évidence cette influence (*). Plus tard, au cours d'essais non encore publiés, on a cherché à faire naître l'explosion en un point autre que le fond du cul-de-sac ; avec même canon, même charge et mêmes poussières en avant et en arrière du canon, on n'a pas pu y parvenir, à cause de la dissymétrie du tir et de la détente immédiate vers l'arrière du canon, qui réduisait de moitié la vitesse des chasses d'air; mais, quand on a mis deux canons dos à dos, tirés simultanément, on a retrouvé naturellement les mêmes facilités de production du coup de poussières qu'au fond du cul-de-sac. Le premier groupe des essais de Commentry a apporté un nouvel exemple de l'influence ^des dispositions de galerie aux alentours du point initial ; le point d'inflammation était placé au fond d'un" cul-de-sac de 6 mètres débouchant à angle droit sur la galerie principale ; les premières chasses d'air se heurtaient donc immédiatement à la paroi de galerie faisant face au cul-de-sac ; ce n'était que par détente latérale qu'elles se dirigeaient dans la galerie principale, et elles se divisaient en deux courants au lieu de concentrer leur effet en une seule direction; le résultat fut qu'on eut plus de peine qu'à Liévin à déterminer une inflammation initiale assez vive pour engendrer un coup de poussières généralisé ; il fallut forcer la charge d'explosif, augmenter la quantité de (*) Voir Annales, 1" vol. de 1912, p. 311.