Annales des Mines (1914, série 11, volume 5) [Image 164]

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LES EXPÉRIENCES DE

COMMENTRY

poussières et disposer celles-ci non seulement sur le sol, mais encore sur les parois. Il est possible qu'une part de ces difficultés soit due à la plus grande section de la galerie ; car, sous une impulsion donnée, les poussières soulevées du sol remplissent moins facilement et moins vite une grande section qu'une petite ; mais la cause dominante réside certainement dans la disposition des galeries. La conclusion pratique est la suivante : une flambée ou explosion de grisou, cause la plus probable des coups de poussières, offrira, à égalité d'accumulation de gaz et identité de composition du gisement de poussières, plus ou moins de chances d'engendrer le coup de poussières généralisé, suivant le point où elle surviendra ; le danger sera maximum au fond d'un cul-de-sac, surtout si la galerie est rectiligne sur une certaine longueur ; il sera moindre en pleine galerie, où la même combustion initiale doit engendrer des chasses d'air dans deux directions au lieu d'une ; il sera moindre encore si le point initial est entouré d'espaces libres plus importants, comme il arrive au voisinage des chantiers de dépilage, moindre, surtout si, dans ces derniers cas, une variation de composition du gisement de poussières ne permet au coup de poussières de s'amorcer que d'un seul côté, l'autre ou les autres directions de galeries ou chantiers jouant le rôle d'orifices de détente qui amortissent rapidement l'explosion. Un second groupe d'essais a porté sur la définition de la limite d'aptitude à la propagation d'une certaine inflammation initiale. On a provoqué une explosion initiale ; dans la pratique, ce serait le plus probablement un coup de grisou, allumé par une cause quelconque ; en expérimentation c'est, plus commodément, une combustion vive de poussières très inflammables, allumées par la détonation d'un explosif.

SUR LES INFLAMMATIONS DE POUSSIÈRES

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Dans l'un et l'autre cas, l'effet immédiat est le suivant : l'augmentation, par le fait de l'élévation de température, du volume du mélange gazeux ou poussiéreux en combustion, refoule en toutes directions les masses d'air environnantes ; l'ébranlement se propage de proche en proche, suivant les lois de propagation des ondes, à la vitesse d'environ 350 mètres par seconde ; au terme de la première seconde, tous les points de la mine distants de moins de 350 mètres environ du point initial ont été atteints par l'ébranlement; l'a vitesse de l'air y a été modifiée ; si l'explosion initiale a été assez vive, et si les communications sont assez largement ouvertes, le courant de ventilation a été profondément troublé ; il n'y a plus, dans ce rayon de 350 mètres, ni entrée d'air, ni retour d'air, il n'y a que des galeries où l'air fuit le centre de l'explosion, à des vitesses de vent de tempête ; dans toute cette zone, dès le terme de la première seconde, les poussières sont mises en suspension et un mélange est formé où combustible et comburant sont intimement mêlés. La flamme se propagera-t-elle dans ce mélange ou s'y éteindra-t-elle ? Cela dépend principalement de deux choses : la composition de ce mélange et son degré d'agitation; le degré d'agitation dépend lui-même, d'une part, de la forme de la galerie et du degré d'irrégularité de ses parois, d'autre part, de la vitesse avec laquelle la combustion pousse devant elle le mélange combustible auquel elle va se propager. Donc, la limite dangereuse au point de vue de la composition du mélange, limite dont la détermination est en somme le but principal de ces recherches, dépend surtout de deux facteurs : le facteur galerie et le facteur vitesse des chasses d'air. A Liévin, comme d'ailleurs à Commentry, on fait varier à volonté le facteur vitesse des chasses d'air, en agissant sur la vivacité de l'explosion initiale; à Liévin, on peut