Annales des Mines (1913, série 11, volume 4) [Image 13]

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DISCOURS PRONONCÉS

AUX FUNÉRAILLES

DE

M. A. OLRY

Doué d'une intelligence hors ligne, d'une facilité d'assimilation remarquable, jM. Olry eut bientôt fait de se mettre au courant du fonctionnement de l'Association, qu'il connaissait d'ailleurs de longue date et dont il avait su apprécier les services alors qu'il était Ingénieur des Mines dans notre contrée. Bien que se confinant plus particulièrement dans la partie administrative, il suivait cependant avec grand intérêt les travaux de toute nature qui ont trait au service des chaudières et machines, et c'était un plaisir pour moi de le tenir au courant de nos recherches, des incidents qui surgissent à chaque instant dans notre profession; il était toujours d'un excellent conseil car, chez lui, le bon sens égalait l'intelligence. Il prenait goût à nos travaux ; il se passionnait pour certaines questions ; son activité 'prodigieuse était toujours à l'affût d'études auxquelles il s'adonnait avec une véritable 'jouissance. Il redoutait l'oisiveté et était toujours en quête d'un travail à entreprendre, d'une note à rédiger. Il n'était jamais plus heureux que lorsque je lui apportais une question nouvelle ou l'occasion de compléter des recherches antérieures. Il avait un talent remarquable d'exposition et d'analyse, excellait dans la mise en relief des plus petits détails dont il tirait, avec la logique impeccable du mathématicien, des conclusions nettes, précises, et des renseignements précieux. Nos bulletins annuels sont remplis de travaux effectués, dans la collaboration la plus complète, mais chacun d'eux porte l'empreinte particulière que savait donner M. Olry à tout ce qu'il entreprenait. Écrivain merveilleux, il était en même temps doué d'un talent de parole remarquable. C'était enfin un homme de bien et un homme de cœur. C'est pour cette raison qu'il conquit immédiatement le respect et la sympathie du personnel de notre Association.

DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES DE M.

A.

OLRY

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Il était juste et bon, accessible à tous, écoutant avec intérêt les requêtes qui lui étaient adressées et y faisant droit dans la mesure du possible. Aussi, tous, ingénieurs, inspecteurs, employés, ne lui ont-ils jamais marchandé leur dévouement et leur zèle. Lorsque l'an dernier, la nouvelle nous parvint de sa promotion au grade d'Officier de la Légion d'honneur, ce fut une véritable joie parmi nous, et il put alors constater, -par les témoignages nombreux et touchants dont il fut l'objet, la sympathie qu'il avait su inspirer à tout le personnel. Nous avons encore présentes à la mémoire les paroles pleines de cœur qu'il nous adressa et la manière émue dont il sut nous dépeindre les sentiments dont son âme était remplie pour ses collaborateurs. Il avait su créer à Lille, autour de lui, une atmosphère de sympathie dans laquelle il était heureux. Nous étions pour lui une seconde famille, et le bonheur qu'il éprouvait de se trouver- parmi nous lui faisait surmonter les fatigues des voyages qu'il entreprenait avec le plus grand courage, presque jusqu'aux derniers moments. La disparition de M. Olry est, pour nous, irréparable ; elle est pour moi des plus cruelles. Je suis peut-être, après sa famille, celui qui le fréquenta le plus ; il est résulté de cette vie commune, de cette intimité qui dura plus de vingt ans, des sentiments profondément affectueux qui rendent pour moi sa perte aussi douloureuse que celle d'un proche parent. Aussi son souvenir resterat-il toujours gravé dans nos cœurs. Que sa compagne dévouée, que ses enfants qu'il adorait veuillent bien accepter l'hommage de notre profonde sympathie.