Annales des Mines (1913, série 11, volume 4) [Image 12]

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DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES

DE

M. A. OLRY

Dans ce beau vieillard, au front large et intelligent, au regard plein de finesse et de bienveillance, nous nous étions habitués, nous, ses anciens élèves, à placer toute notre confiance, tels de grands fils avec leur père, et luimême le sentait bien, car il était privé presque autant que nous-mêmes si un malencontreux événement l'empêchait parfois d'assister à l'une quelconque de nos manifestations amicales. Et à chaque fois, au dessert, de la table d'honneur, il se levait pour parler à ses jeunes amis, comme il aimait à nous appeler; et alors, dès qu'apparaissait au-dessus des têtes sa bonne et souriante physionomie, tout le monde se levait, et l'affectueuse ovation qui lui était faite avant la lettre l'obligeait parfois à garder longtemps le silence. Et maintenant ! fini ! Tels furent les mots qui, du cœur, montèrent aux lèvres de ses jeunes amis, quand, parmi eux, fut connue la funèbre nouvelle — puis me prenant à part : rien ne peut contre la mort, me dirent-ils; mais, s'il est vrai que rien n'adoucit une douleur comme la sensation de n'être pas seul à l'éprouver, dites bien à ceux qui pleurent, là-bas, notre cher et vénéré maître, dites-leur bien qu'en même temps qu'eux-mêmes, pleurent et souffrent pour la même cause, en tous les points de la France, tous ceux qu'il a aidés, tous ceux qu'il a aimés. Au nom de tous les anciens élèves que vous avez formés, au nom de tous les ingénieurs sortis de l'Institut industriel du Nord de la France, je vons adresse, ô mon cher Monsieur Olry, le suprême, le dernier adieu.

DISCOURS PRONONCÉS AUX FUNÉRAILLES DE M.

A.

OLRY

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DISCOURS DE M. P. BONET, Ingénieur en chef de l'Association des propriétaires d'appareils à Tapeur du Nord de la France.

Messieurs, C'est le cœur rempli d'une profonde émotion que je viens adresser un suprême adieu à celui dont je fus pendant vingt ans le collaborateur et l'ami. C'est en effet en 1892 et grâce à l'initiative que j'ai prise et dont je me suis souvent félicité, car elle a eu des résultats heureux et féconds, que M. Olry fut appelé à l'Association du Nord à titre de Délégué général. M. Olry était très connu dans notre région ; il avait occupé successivement le poste d'Ingénieur des Mines à Valenciennes et à Lille, et il s'y était créé de nombreuses relations et des amitiés durables. Ce fut à cette époque qu'il prit en mains les rênes de l'Institut industriel comme sous-directeur d'abord, puis comme directeur, et nous nous souvenons tous, professeurs et élèves, des qualités admirables dont il fit preuve dans la période difficile que l'École traversait, et avec quel entrain et quelle énergie il lui communiqua l'élan nécessaire pour sortir de la pénible situation où elle se débattait et triompher des obstacles qui s'étaient accumulés devant elle. Ces souvenirs étaient encore très vivaces quand M. Olry vint à Lille, à l'Association ; aussi fut-il accueilli avec beaucoup de sympathie par les Membres du Conseil d'administration et par le personnel. Il ne pouvait on être autrement : on se sentait, en effet, dès qu'on l'avait . approché, attiré vers cet homme qui par une des rares faveurs de la Providence, eut le bonheur de réunir en lui toutes les qualités d'esprit et de cœur qui caractérisent l'homme supérieur. Tome IV. 1913.

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