Annales des Mines (1911, série 10, volume 19) [Image 239]

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LES MINERAIS STRATIFORMES

DE LA CHAINE HERCYNIENNE

trusions, des imprégnations, des substitutions postérieures. C'est la tendance exactement opposée à celle d'une époque précédente, où l'on multipliait les niveaux de « calcaires métallifères », attribuant à chacun d'eux un caractère de sédimentation directe. Mais cela ne veut pourtant pas dire qu'il faille, à notre avis, ressusciter les geysers métallifères trop nombreux qui, dans une époque encore antérieure, fournissaient l'explication commode de tous les faits embarrassants. Nous croyons les venues métallifères d'origine interne localisées à chaque époque dans la zone d'action relativement restreinte des intrusions ignées ; nous admettons également que la zone de métallisation tilonienne, toujours limitée dans les deux sens, n'a pas en principe atteint la surface (*); et, dans bien des cas, il nous semble que l'un

peut invoquer des concentrations ultérieures produites, ou par des actions continentales, ou par des circulations d'eaux souterraines en rapport avec la surface : phénomènes dus it un retour au jour par dynamisme ou par érosion (*), qu'a pu déformer et masquer ensuite un métamorphisme régional résultant d'une « remise en profondeur » ultérieure.

(*) Lorsqu'on a commencé à expliquer les liions par les eaux thermales, on a attaché une grande importance à deux ordres de faits dont l'importance me semble avoir été très exagérée : 1° la persistance de sources thermales sur d'anciens filons, et 2° la présence, dans ces sources, à l'état de traces, de tous les métaux qui existent dans les filons. On en a conclu que le phénomène d'incrustation filonienne métallifère se continuait encore aujourd'hui dans des conditions identiques, à la surface même du sol et que les griffons thermaux, les geysers, etc., représentaient l'épanchement superficiel de semblables eaux métallifères. En réalité, s'il existe des sources thermales (et même de très nombreuses) sur d'anciens liions, ce ne semble pas être en général parce que le phénomène filonien ancien se continue sans interruption jusqu'à nos jours, mais uniquement parce qu'un filon, comme une faille, représente un plan de dislocation facile, éminemment propice à la circulation des eaux. Et cette première observation explique aussitôt, dans bien des cas, la seconde : si certaines eaus thermales renferment des traces dès-métaux qui existent dans leur filon, c'est inoins parce qu'elles sont encore en train d'incruster celui-ci, <l ue parce que, circulant au contact d'un métal, elles se trouvent naturellement en redissoudre des parcelles. Ce qui frappe, tout au contraire, dans la comparaison des eaux thermales actuelles avec les filons anciens, c'est l'extrême pauvreté, l'extrême rareté de leurs dépôts métallifères, même dans les régions volcaniques, qui seules présentent quelques indices de métaux partie» lièrenient solubles, fer, cuivre, mercure, en rapport possible avec des eaux neuves, peut-être émanées des magmas éruptifs profonds dans les conditions où ont pu se produire les métallisations anciennes, u

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Eléments d'observation. — Restant toujours dans les généralités, nous allons maintenant examiner, en les discutant tour à tour, les éléments d'observation principaux qui portent à croire, suivant les cas, la métallisation postérieure au dépôt des terrains où on la rencontre, ou, au contraire, contemporaine. 1° 11 est évident qu'une métallisation est postérieure à un terrain quand elle le recoupe transversalement, en pénétrant même dans les terrains voisins, surtout lorsque ceux-ci sont d'un âge postérieur au principal niveau imprégné. C'est le caractère des filons propremènt dits, qui se retrouve souvent, quand on regarde de près, sur certaines parties des filons-couches à l'apparence la plus n'est pas à dire, probablement, qu'il ne se forme pas aujourd'hui de filons métallifères; mais ces liions ne s'incrustent pas à la superficie, et n'ont jamais dû, à aucune époque, se former à la superficie, et les eaux thermales qui, au moment de cette incrustation, arrivaient jus<lu'au jour, devaient être des eaux dépouillées de leurs métaux. Telle est, en effet, la conclusion à laquelle on arrive en envisageant les conditions de dépôt de ces filons qui, pour la plupart, lorsqu'il s'agit bien Je liions de dépôt primitif, non de remplissages remaniés et secondaires, Paraissent s'être produits sous une certaine pression, à une distance encore notable du jour. (*) M. Termier a émis à ce propos l'idée très ingénieuse que certaines imprégnations métallifères pouvaient résulter de la destruction d'anciennes nappes de charriage aujourd'hui disparues. Cette hypothèse, qui ne paraît pas utile pour le cas particulier des filons et amas tunisiens auxquels il l'avait appliquée en supposant un ancien recoupement de trias métallifère, serait peut-être à reprendre pour expliquer 'origine des sédiments métallisés eux-mêmes, dans certains cas. le 'ong de la chaîne hercynienne.