Annales des Mines (1911, série 10, volume 19) [Image 240]

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LES MINERAIS

STRATIFORMES

décevante. De même le principal argument de ceux qui croient les schistes cuprifères du Mansfeld épigénétiques est l'enrichissement qu'ils croient souvent constater à la rencontre de certaines failles, ou rùcken, assimilés par eux à des filons générateurs. Il faut toutefois, nous l'avons déjà dit, ne pas se laisser induire en erreur par des remises en mouvement qui auraient pu, partant du gisement déjà constitué, remplir longtemps après des fractures transversales, ou, amenant des eaux de surface par ces failles, exercer une action de cémentation sur les minerais préexistants. C'est un genre d'erreur dans lequel on est tombé bien souvent autrefois, alors que l'attention n'était pas encore suffisamment appelée sur ces remises en mouvement. Les prétendus « griffons » du Laurium en sont un exemple. Souvent on a pris ainsi, pour les chenaux d'arrivée des eaux métallisantes, pour des «failles nourricières», etc., des fractures postérieures ayant, ou bien emprunté leur remplissage au gîte préexistant, ou même, comme on a pu le supposer, dans une autre hypothèse, pour les « riicken» du Mansfeld, servi de champs d'incrustation à des dissolutions métallifères nouvelles d'origine profonde, sans relation avec celles qui avaient constitué le gîte primitif. En fait, et c'est une remarque essentielle pour les grands gisements stratiformes sur lesquels a porté la discussion, il en est un certain nombre, et notamment la plupart de ceux encaissés dans les calcaires, qui viennent s'intercaler dans un ensemble fuonien auquelils paraissent, dèslors, se rattacher. Il en est d'autres, au contraire (pour lesquels, par d'autres raisons, nous supposons une formation sédimentaire ou par voie descendante), dans lesquels on n'a jamais découvert un seul filon net et continu en profondeur, un filon exploitable, par lequel auraient pu venir d'en bas les eaux métallisantes. 2° On trouve souvent, dans une zone géographique déterminée, des métallisations ou des minéralisations affectant

DE

LA

CHAINE

HERCYNIENNE

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des terrains d'âges variés, alors que ces mêmes terrains ne sont pas minéralisés ou métallisés dans les régions voisines. La probabilité est alors pour que cette métallisation soit intrusive. Mais cette observation, elle aussi, n'est pas, disons-le, démonstrative à elle seule. On sait, en effet, que certaines zones terrestres, comme les géosynclinaux, ont été marquées par une succession de mouvements qui s'y sont reproduits à diverses époques, et l'on pourrait imaginer quelque chose de semblable pour ces zones métallifères : une répétition de sédimentations métallifères provoquées par le renouvellement des mêmes conditions de dépôt. Il n'est probablement pas permis d'assimiler à cette possibilité de métallisations successives dans un même point la constatation fréquente que, sur la longueur d'une chaîne plissée, les manifestations métallifères analogues ne sont pas partout rigoureusement du même âge. Cette différence d'âge peut ne pas exclure l'unité du phénomène. Supposant ces phénomènes sédimentaires et connexes, on est, en effet, en droit d'imaginer un faible déplacement dans le temps qui aurait accompagné leur déplacement dans l'espace. ■ 3° On doit attacher une grande importance, dans cette étude, à la nature des sédiments métallisés. Car, dans toute hypothèse, il n'est pas admissible qu'un calcaire, un schiste et un grès aient donné lieu à une métallisation identique, et le type de cette métallisation, rapproché de la nature du terrain encaissant, peut être instructif. La manière la plus simple dont nous nous représentons une métallisation sédimentaire est l'arrivée, dans le bassin de sédimentation, de substances métallifères empruntées par l'effet de l'érosion à des terrains, roches ou surtout filons préexistants : cette arrivée ayant pu avoir lieu par simple transport mécanique à la façon des placers, ou par dissolution chimique, comme dans les cas actuels des mi-