Annales des Mines (1911, série 10, volume 19) [Image 238]

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LES MINERAIS STRATIFORMES

et qui, également sans conteste, s'y présentent imprégnés ou remplis par les minéraux utiles. Les uns ont vu là une preuve que les poissons, vivants dans la lagune du Mansfeld, avaient été détruits, empoisonnés par la brusque éruption, ou la concentration progressive de liqueurs cuprifères, et l'on a même poussé la fantaisie jusqu'à retrouver dans leurs contorsions la preuve de cette crise mortelle. D'autres, ayant à interpréter le même fait en Lorraine, en ont conclu que l'imprégnation ferrugineuse était venue longtemps après se substituer à des organismes et à dos terrains primitivement calcaires. D'autres enfin n'ont pas hésité à déclarer que les caprotines du calcaire urgonien avaient elles-mêmes produit le bitume dont elles sont imprégnées. De même, après'avoir constaté, comme nous le ferons bientôt, qu'il existe, sur toute la longueur de la chaîne hercynienne, une abondance spéciale de dépôts cuprifères associés aux couches permo-triasiques, on a pu autrefois admettre que l'époque permo-triasique avait été l'objet d'épanchemenis cuprifères spéciaux liés à des manifestations éruptives. On peut, tout au contraire, chercher un lien entre ces concentrations de cuivre et l'abondance des formations lagunaires qui caractérisent la même chaîne à la même époque. On peut enfin admettre qu'une dissolution cuprifère postérieure au permo-trias a minéralisé ces terrains de préférence, parce qu'elle y rencontrait des conditions physiques favorables et des agents précipitants, De même encore, trouvant des filons de cuivre dans le substratum de grès cuprifères, les uns en avaient conclu que ces grès avaient pris leur cuivre aux filons remaniés, les autres que grès et filons avaient été imprégnés en même temps, soit par en bas, soit par en haut. L'une de ces hypothèses est évidemment préférable aux autres, et il ne nous est pas interdit de choisir entre

DE LA CHAINE HERCYNIENNE

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elles. Mais nous ne sommes jamais sûrs qu'une autre interprétation, rendue vraisemblable un jour par des découvertes futures, ne nous ait pas entièrement échappé : l'intervention de quelque élément inconnu et qui surgit soudain en jetant bas tout un échafaudage d'anciennes théories, comme cela s'est produit pour le radium. C'est pour nous mettre en garde autant que possible contre de telles surprises que je crois utile, contrairement à la tendance générale, d'élargir notre champ de recherches, de multiplier les points d'observation distants les uns des autres et d'aborder les questions par des voies multiples, en les rattachant au plus grand nombre possible de connaissances acquises en des champs scientifiques très .divers. Je n'ai pas à définir ici la méthode que nous allons adopter après ce trop long préambule. C'est celle dont j'ai déjà essayé de faire des applications aux métallogénies de l'Afrique, de l'Asie, de l'Italie, de la Scandinavie et dont nous allons faire un nouvel essai en parcourant, à travers l'Europe, la longueur de la chaîne hercynienne. Elle consiste essentiellement à considérer tour à tour les fractions diverses d'un système tectonique bien caractérisé, en les comparant, en déterminant d'abord ce qu'il y a en elles de général, de propre à ce système tectonique et remédiant alors aux obscurités qui peuvent se présenter localement par les conclusions d'ensemble obtenues ailleurs. On arrive par là à mettre en évidence certains traits marquants de la zone considérée : âge des plissements et profondeur moyenne d'érosion depuis lors; épisodes successifs de la destruction et conséquences de celle-ci pour la sédimentation ; phases de la concentration désertique oulagunaire, etc. Nous serons ainsi conduits, on va le voir, à restreindre ' e rôle des sédimentations réellement, rigoureusement, c °ntemporaines et à accroître celui des infiltrations, des in-