Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 98]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

sont les mines ou les galeries où il y a à craindre qu'un coup de poussières prenne naissance ? Elles permettent de répondre que ce risque est très faible dans les cinq -cas suivants : 1° S'il n'y a, en poussières libres, qu'un poids franchement inférieur à 112 grammes par mètre cube d'air ; 2° Si le charbon répandu est à l'état de grains ayant une dimension de 1 à 2 millimètres avec une très faible proportion de poussières traversant le tamis 200 ; 3° Si le charbon ne contient pas plus de 18 p. 100 de matières volatiles ; 4° Si les éléments incombustibles constituent au moins les quatre dixièmes du mélange poussiéreux ; 5° S'il y a, au contact des poussières, un poids d'eau au moins égal au poids de poussières. On ne peut pas dire que le risque soit rigoureusement nul, parce qu'une plus grande finesse de la poussière, ou une plus grande violence de l'explosion initiale, ou la présence d'un peu de grisou dans l'atmosphère de la mine, ou peut-être d'autres dimensions ou dispositions de galerie, sont éventuellement capables de déplacer ces limites; mais d'une part, la plus grande finesse pratiquée dans nos essais paraît voisine du maximum observé dans les mines, et d'autre part, les explosifs, dans leur emploi normal, réalisent des conditions initiales beaucoup moins favorables aux coups de poussières que la dynamite tirée au mortier sans bourrage; seule, une grosse explosion de grisou serait capable de profondément modifier les conditions initiales, jusqu'au point, probablement, de substituer aux conditions limites ci-dessus, celles, très différentes, qui concernent l'arrêt d'une explosion généralisée. Si nous mettons à part ce cas particulier, dont il con. vient évidemment de tenir compte dans une mesure appropriée au risque d'explosion de grisou inhérent à chaque

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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■exploitation, les conditions limites ci-dessus peuvent être admises comme première approximation. Si elles ne garantissent pas la disparition absolue du risque, par -contre, bien des gisements poussiéreux, qui n'y satisfont pas complètement, ne sont cependant pas susceptibles de •donner naissance à un coup de poussières ; ilest probable, par exemple, qu'avec des poussières charbonneuses à 24 p. 100 de matières volatiles, il n'est pas besoin d'élever le taux des parties stériles jusqu'à 40 p. 100 pour rendre le gisement impropre à généraliser l'explosion initiale. En agissant sur deux ou trois variables à la fois, on obtient le résultat cherché par de moindres variations individuelles qu'en agissant sur une seule variable ; on s'en est bien rendu compte, par exemple, à propos de l'étude des poussières plus ou moins fines à 24 p. 100 de matières volatiles. C'est pourquoi le domaine des gisements poussiéreux dangereux est moins étendu en réalité qu'il n'apparaît d'après les limites approximatives au moyen desquelles nous l'avons circonscrit. Ces considérations générales donnent à penser que les galeries susceptibles d'être le point de départ d'un coup de poussières sont, en France du moins, une exception; la cause initiale d'inflammation, qui est elle-même un événement tout à fait exceptionnel, a donc toutes chances •de survenir en présence d'un gisement poussiéreux défavorable à la production d'une explosion généralisée; il n'en résulte alors qu'un allongement de la flamme de l'explosif ou du grisou, ou une flambée de poussières localisée. C'estpourquoi les grands coups de poussières ne peuvent être qu'extrêmement rares. Mais,commeles conditions requises pour les développements de l'explosion sont plus larges que celles qui se' rapportent à la phase initiale, il est probable qu'il se rencontre dans nos mines bien des gisements poussiéreux capables de propager un coup de poussières bien amorcé, ou d'étendre au loin les ravages Tome XVIII, 1910.

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