Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 97]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

182

EXPÉRIENCES SDR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

charbonneuses sont additionnées d'un fort appoint de poussières stériles provenant du transport des remblais et des terres, du coupage des voies, des réparations, de l'usure du sol sous les pas des hommes et des chevaux, et aussi parfois des scories et crasses de chaudières qui y ont été semées. Les analyses ont montré qu'en bien des points la proportion de schistes est supérieure à 40 p. 100; ce sont autant de points où un coup de poussières ne saurait prendre naissance sous l'influence d'une cause initiale comparable à celles qui furent employées dans nos

essais. Il est aisé, dans beaucoup de mines, d'augmenter la proportion de poussières stériles en répandant dans les galeries des scories broyées ou tout autre produit incombustible et pulvérulent. Un bon procédé, qui nous a été indiqué par sir H. Cunynghame, consiste à répandre sur le sol et à projeter sur les parois un produit stérile qui contienne à la fois des poussières très fines et des grains ; les parties fines sont utiles en raison de leur facile mise en suspension ; les grains ont pour effet de faire tomber les poussières charbonneuses des parois Contre lesquelles ils sont lancés ; il ne reste plus alors de poussières charbonneuses que sur le sol, où elles sont moins bien soulevées que sur les parois; elles s'y trouvent au surplus intimement mélangées aux parties stériles. 8° Conclusions. — Résumons maintenant et précisons les diverses observations qui précèdent. Les essais dans la galerie de 65 mètres ont défini, pour un certain nombre de cas types, les conditions favorables ou défavorables à la naissance d'un coup de poussières. Ces conditions sont applicables à la phase initiale et non aux développements de l'explosion ; considérons par exemple notre mélange à 50 p. 100 de schistes; la dynamite-gomme tirée à 160 ou 320 grammes sans bourrage, même avec explosion de 8 mètres cubes de mélange gri-

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

183

souteux, ne peut y engendrer de coup de poussières généralisé ; cependant la flamme se transmet dans le mélange préalablement mis en suspension ; si donc quelque part dans la mine, à la faveur d'un gisement favorable, une explosion s'est développée, assez violente pour bien soulever les poussières de la zone à 50 p. 100 de schistes, la flamme continuera à s'y propager. D'une manière générale, il est plus difficile de s'opposer à la propagation d'un coup de poussières, qui a déjà pris une certaine ampleur, que de l'empêcher de prendre naissance. En conséquence, si l'on n'est pas assuré qu'en tous les points de la mine les conditions sont défavorables à la naissance d'un coup de poussières ■— et l'on n'a pas toujours cette assurance — il faut se préoccuper de rechercher par quels moyens, ou par quelles nouvelles conditions de gisement, on peut arrêter un coup de poussières qui a déjà pris un certain développement. Ce sont là des études d'un caractère différent de celles qui précèdent ; elles nécessitent une galerie plus longue; elles ont donné lieu, en 1909, dans une galerie de 230 mètres de longueur, à une nouvelle série d'essais dont il sera rendu compte dans un rapport distinct (*). Même limitées à la phase initiale du phénomène, les expériences dans la galerie de 65 mètres n'ont pas complètement résolu les multiples problèmes qui se posent ; onn'a essayé qu'un petit nombre de charbons, sans parcourir les étapes intermédiaires ; on n'a pas fait toutes les combinaisons de variables et essayé, par exemple, les poussières à 18 ou 24 p. 100 de matières volatiles mélangées de poussières schisteuses ; on n'a pas encore expérimenté en atmosphère légèrement grisouteuse. Il faut considérer ces expériences comme donnant une première approximation du problème suivant : quelles (*) Voir infra, page 189.