Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 99]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

d'une forte explosion de grisou. Et c'est ce qui paraît ressortir également de la statistique des coups de feu connus, où l'on voit, presque sans intermédiaires, d'une part, des inflammations locales peu importantes, d'autre part, des catastrophes s'étendant atout un quartier démine ou à une mine entière. Le coup de poussières généralisé se déclenche difficilement ; une fois déclenché, il semble qu'il ne connaisse plus délimites. On verra, dans un prochain rapport (*), par quels procédés on peut essayer de limiter la course de ce fléau ; mais déjà, les essais dans la galerie de 65 mètres donnent le moyen de diminuer le risque qu'il ne se déchaîne. On ne peut évidemment agir ni sur la finesse, ni sur la teneur en matières volatiles des poussières. On peut chercher à atteindre la limite inférieure d'inflammabilité en enlevant les poussières; mais le procédé est peu pratique et trop souvent inefficace. On obtiendra de bons résultats en arrosant le sol et les parois des galeries. Dans les cas où une humidité persistante sera difficile à réaliser ou présentera des inconvénients sérieux, il paraîtra plus pratique et plus sûr de recourir à la schistification : l'eau s'évapore, mais les poussières stériles demeurent ; nos essais ont montré que le taux de schistification nécessaire n'était pas très élevé et pouvait être atteint, dans bien des cas, sans difficulté. Enfin, on remarquera qu'il est d'autant plus facile de rendre efficaces l'arrosage et la schistification que les poussières charbonneuses sont moins abondantes. On s'efforcera donc d'en diminuer la quantité en agissant sur les diverses causes de formation, notamment en éloignant les triages des puits d'entrée d'air, en arrosant le dessus des berlines de charbon, spécialement au moment de les encager, en procédant à des enlèvements périodiques dans les régions très poussié(*) Voir infra, page 189.

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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reuses, en pratiquant le chaulage des grandes voies de roulage. Dans la lutte contre le grisou, les ingénieurs des mines s'efforcent de connaître, le mieux possible, par des mesures grisoumétriques multipliées et renouvelées, la situation de leur mine au point de vue du dégagement de grisou et du risque d'explosion. Il doit en être de même dans la lutte contre les poussières, et l'on ne saurait trop recommander d'effectuer desprélèvements dans les galeries et chantiers, de mesurer la quantité totale de poussières et la quantité passant au tamis n° 200, l'une et l'autre rapportées au mètre cube d'air, et de se rendre compte de la proportion de poussières stériles fines ou grossières, mélangées aux poussières charbonneuses. En comparant les résultats de ces mesures aux conditions limites que nous avons trouvées, les ingénieurs connaîtront les points faibles de leurs exploitations et sauront où doivent principalement porter leurs efforts, sous la forme de l'arrosage ou de la schistification. (Suite et fin à la prochaine livraison.)