Annales des Mines (1910, série 10, volume 18) [Image 96]

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EXPÉRIENCES SUR LES POUSSIÈRES DE HOUILLE

dépassant, d'ailleurs très lentement, l'orifice de la galerie; au taux de 50 p. 100, il y a presque toujours eu raté d'inflammation, la flamme n'a jamais atteint l'orifice, et les renforcements du dosage des poussières ou de la charge n'ont abouti qu'à étendre la flamme, très lente, jusqu'à 22 m , 50 seulement de l'origine de l'explosion. Le taux limite de 40 p. 100 est inférieur à celui qu'avaient donné les essais antérieurs d'inflaminabilité sur nuages préalablement soulevés; la raison en est toujours la' même : aux faibles vitesses de propagation, la mise en suspension des poussières se fait mal et la flamme meurt par insuffisance de soulèvement . Il est remarquable qu'une addition relativement faible de poussières stériles ait une influence aussi marquée sur l'inflammabilité et la vitesse de propagation, alorsque des additions beaucoup plus importantes de poussières charbonneuses, en sus de la quantité qui peut brider dans l'oxygène disponible, ne font point disparaître l'aptitude à la propagation de l'inflammation, malgré le refroidissement plus considérable qu'elles apportent par leur présence dansles gaz chauds. Il convient à ce propos de se souvenir de ce que nous disions au sujet de l'influence de la quantité de poussières en suspension, sur le phénomène de la combustion ; les excès de poussièrescharbonneuses, comme les excès de poussières stériles, tendent à diminuer l'inflammabilité et à ralentir la flamme, parce qu'ils abaissent, par la chaleur absorbée, la température de combustion et parce qu'en augmentant l'opacité du nuage, ils nuisent à la transmission de la chaleur dans la zone d'échauffement située immédiatement en avant de la zone de combustion; ces causes d'extinction ou de ralentissement de la flamme sont, dans le cas des poussières charbonneuses, compensées par la plus grande surface offerte au dégagement des matières volatiles et par la plus grande quantité de particules combustible»

ET SUR LES MOYENS DE COMBATTRE LEURS DANGERS

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<l'extrême finesse présentes dans le nuage ; cette double •compensation n'existe pas dans le cas où l'excès est formé -de poussières stériles ; de là résulte la grande différence constatée dans les effets. L'influence remarquable des poussières stériles conduit à rechercher dans quelle proportion elles se rencontrent dans les galeries de mine. On peut en avoir une idée approximative en évaluant la teneur en cendres des poussières prélevées dans la mine ; mais quelques observations sont nécessaires à ce sujet. Au taux limite de 4-0 p. 100 de schistes, la teneur en cendres dumélange n'est pas nécessairement de 40 p. 100, ainsi que nous l'avons expliqué ; car il faut tenir compte -des cendres du charbon et inversement de l'eau de constitution et de la partie charbonneuse des schistes qui disparaissent à l'incinération ; tout compte fait, le mélange employé dans nos essais tenait moins de 40 p. 100 de cendres. D'autre part, il importe d'observer que les cendres qui font partie intégrante des poussières charbonneuses ne jouent probablement pas le même rôle que les poussières stériles additionnelles; ces dernières seules, en formant écran, doivent nuire efficacement à la transmission de la chaleur ; il est donc probable que des poussières de charbon cendreux, qui tiendraient 30 p. 100 de cendres, seraient plus inflammables que des poussières pures, ayant la même finesse et les mêmes produits volatils, mélangés à 30 p. 100 de poussières stériles. On obtient une meilleure connaissance d'un gisement de poussières mixtes en complétant les incinérations par des séparations par densité, au moyen d'un liquide de densité voisine de 2, formé par exemple d'un mélange de bromure d'éthylène et d'alcool. Les recherches faites dans de nombreuses mines françaises sur la composition des gisements poussiéreux ont montré que, dans la plupart des galeries, les poussières