Annales des Mines (1909, série 10, volume 16) [Image 40]

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LES CATASTROPHES MINIÈRES AMERICAINES

sous 40 volts, enflamme facilement des nuages de poussières suffisamment denses. Donc, des deux causes dont la simultanéité est nécessaire pour produire une inflammation de poussières, la première, le soulèvement des poussières, s'est certainement réalisée par le fait de la dérive; la deuxième, la cause d'inflammation, s'est très probablement rencontrée sous la forme d'un intense court-circuit. Si l'on doutait encore qu'une dérive de cars pût suffire pour donner un nuage facilement inflammable dans les circonstances où celle-ci s'est produite, l'expérience serait là pour lever ce doute. Voici quel fut à ce sujet le témoignage qu'apporta à la commission d'enquête l'un des porions du numéro 6, qui échappa à la catastrophe. Il connut à la mine 6 deux explosions de poussières, dont l'une survint un mois auparavant, dont l'autre datait d'une année ou deux. Leur point initial fut précisément à la base du même plan incliné. Il ne se souvient bien que de la dernière. La cause en fut une dérive de cars survenue dans les mêmes circonstances ; il y avait des hommes porteurs de lampes à feu nu dans le voisinage, ils ne furent pas blessés ; ils étaient placés de telle sorte que leurs lampes n'enflammèrent pas le nuage soulevé et qu'ils ne furent pas brûlés. Le témoin pense que ce fut un court-circuit qui alluma le nuage, car il y eut en effet un court-circuit. Relativement à l'intensité des effets de ce court-circuit, le témoin ajoute qu'il a vu un cas se produire où l'arc extrêmement intense commençait à fondre les rails en ■ fer ; il ajoute que les effets de flamme de cette précédente inflammation de poussières ne se sont pas étendus au delà de 60 mètres et il pense que, si ce jour-là l'explosion ne s'est pas généralisée à toute la mine, c'est parce qu'il ne se trouvait pas assez de poussières dans la région initiale. Nous compléterons ces renseignements en indiquant

DE MONONGAH, DARR ET NAOMI

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qu'un autre cas d'inflammation de poussières survint, le 12 septembre 1907, à la suite d'une dérive de cars, dans la mine de Rocks Springs (Wyoming) et a été signalé par la revue Mines and Minerais de novembre 1907, dans les termes suivants : Les ouvriers s'apprêtaient à quitter la mine ; environ quarante d'entre eux étaient rassemblés à la base du plan incliné, quand un train de cars vides se mit à remonter; mais un accouplement ayant été mal fait, six cars se détachèrent en arrivant au sommet et redescendirent le plan incliné à 20°. Arrivant à la base du plan avec une vitesse considérable, ils heurtèrent un train de cars pleins; les hommes s'étaient garés; mais le choc avait soulevé un nuage de poussières qui s'enflamma aux lampes des mineurs. Il est probable que le mélange poussiéreux ne réalisait pas les conditions nécessaires pour produire une violente explosion. La chaleur développée fut cependant suffisante pour brûler plus ou moins grièvement tous les hommes qui se trouvaient dans le voisinage. La force de l'explosion se fit sentir davantage 75 à 100 mètres plus loin, où un homme qui se tenait à l'entrée d'une écurie fut violemment projeté et eut un bras brisé et d'autres blessures. Un crossing, au voisinage du plan incliné, fut partiellement détruit, et le court-circuit d'aérage qui en résulta sauva probablement de l'asphyxie les ouvriers précisément rassemblés sur le trajet du court-circuit. L'auteur de l'article ajoute que la mine en question n'était pas considérée comme poussiéreuse. Il est donc établi que, vers le moment de la catastrophe, un incident, qui ne saurait être une conséquence de cette catastrophe, a engendré des conditions propres à la production d'un coup de poussières. Plusieurs ingénieurs, qui n'ont pas admis que cet événement soit la cause de la catastrophe, ont fait porter principalement leurs discussions sur la question de la