Annales des Mines (1909, série 10, volume 16) [Image 41]

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LES CATASTROPHES MINIÈRES AMÉRICAINES

concordance des moments, et il s'est trouvé en effet des témoins pour dire qu'ils avaient aperçu la fumée sortir des galeries de la mine n° 8 avant de la voir s'élever audessus de la mine n° ô. On en a conclu que l'explosion avait pris naissance dans la mine n° 8. Cette déduction nous paraît fort contestable, car, d'une part, la première attention des témoins fut certainement attirée par la violence extraordinaire des effets à l'orifice du numéro 8, et ils ont pu ne remarquer que tardivement le dégagement de fumée du numéro 6; d'autre part, le plan incliné du n° 6 ayant été presque complètement bouché par la dérive, il peut se faire que les fumées de l'explosion ne soient parvenues jusqu'au jour, par les voies de retour d'air, qu'un temps notable après l'origine de l'explosion supposée survenue à la base du plan incliné. Donc, malgré ces quelques témoignages, il reste extrêmement probable que la catastrophe de Monongah est due aux circonstances que nous avons indiquées et a pris naissance à la base du plan du numéro 6. Il reste à savoir si l'observation des effets confirme ou infirme cette hypothèse. Nous allons voir ce qu'il en est en étudiant ces effets, mais nous indiquerons tout de suite d'un mot quelle est la conclusion de cette étude. Lorsque nous avons exploré la mine sinistrée, tous les renseignements qui nous étaient fournis tendaient à nous faire supposer que l'origine de l'explosion se trouvait quelque part dans la mine n° 8; mais, par l'étude minutieuse des effets que nous constations, nous avons progressivement déduit que l'explosion avait passé du numéro 6 vers le numéro 8, puis qu'elle avait suivi les voies principales du numéro 6 de l'Est vers l'Ouest, enfin que le point initial se localisait exactement à la base du plan incliné; et c'est alors que, nous renseignant sur les circonstances qui avaient pu donner naissance en ce point

DE MONONGAH, DARR ET NAOMI

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a un coup de poussières, nous avons connu par le détail les faits que nous venons d'exposer. Dans ces conditions, il ne nous a pas paru y avoir de doute sur la localisation ■et la nature des causes qui ont provoqué la catastrophe de Monongah. Effets de l'explosion. — Les nombreux effets que l'on constate dans une mine dévastée par un grand coup de poussières comme celui de Monongah peuvent se classer en deux catégories principales : effets dynamiques et -effets calorifiques.

  • Les uns et les autres sont intéressants à noter, parce

qu'ils renseignent sur le développement et l'intensité de l'explosion et que quelques-uns d'entre eux permettent de déterminer dans quel sens elle s'est propagée et de remonter ainsi par une suite de déductions jusqu'au point initial. Les effets dynamiques sont causés par les violentes chasses gazeuses qui précèdent, accompagnent et suivent le passage de la flamme. Lorsqu'une inflammation, assez vive pour être qualifiée d'explosive, s'étend à un volume important d'air contenu dans une galerie, l'accroissement immédiat de pression qui en résulte donne lieu à la propagation d'une série d'ondes qui se propagent plus vite que la flamme et dont la succession continue se manifeste en avant de la flamme sous la forme de chasses gazeuses d'autant plus rapides que l'inflammation a davantage le caractère explosif, d'autant plus volumineuses que l'explosion s'étend elle-même à un plus grand volume d'air. Ces chasses gazeuses préalables se constatent nettement dans la galerie d'expériences de Liévin. La détente des gaz chauds qui succède au passage de la flamme donne lieu à des courants de même sens que lâchasse d'air initiale, jusqu'à ce que le refroidissement