Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 89]

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FABRICATION DE LEUR ARMATURE ET POSE

LES CABLES SOUS-MARINS

Au sortir du magasin, l'âme est établie sur le bâti porte-bobine delà couvreuse; un frein règle le dévidage. L'âme, marchant en ligne horizontale, passe à travers l'œil C, du premier plateau (Pl. VIII) et reçoit un premier matelas de fils de jute, en hélice plus ou moins allongée, jointfve; la grosseur des fils varie avec le diamètre intérieur des fers de l'armature. L'âme passant dans l'œil C2 du deuxième plateau reçoit un second matelas de jute, appliqué en hélice inverse. A l'extrémité opposée de la couvreuse, une grande roue plate, munie de compteur, de jockey plat et de couteau, tire l'âme et la débite toute matelassée dans deux petites cuves en béton très profondes, situées entré la couvreuse et la câbleuse correspondante. Au moment où la cuve, dans laquelle est logée l'âme au sortir de la couvreuse, se trouve pleine, la câbleuse vient d'épuiser la cuve d'à côté; la couvreuse recommence alors à débiter dans la cuve vide. Les couvreuses de grands fonds ne comportent que deux plateaux, tandis qvft celles d'atterrissement en comportent quatre. C'est que le vide laissé entre l'âme et l'armature est bien plus considérable pour l'atterrissement que pour le grand fonds; le matelas est, dans cë dernier cas, bien plus épais, ainsi que le montrent les chiffres suivants. Pour une âme de 11 millimètres, le câble d'atterrissage avec dix fils de fer de 9 millimètres reçoit un matelas de 420 kilogrammes de jute par mille marin ; le fil de jute employé est du 250 mètres au kilogramme. Le câble de grand fond, avec vingt-quatre fils d'acier dé 2 millimètres, reçoit un matelas de 193 kilogrammes de jute au mille; le fil de jute employé est du 800 mètres au kilogramme. L'on remarquera la finesse des fils de jute du grand fond; les cahiers des charges demandent, en effet, souvent deux couches de fil fin appliquées en sens

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inverse au lieu d'une seule couche de fils plus épais. Le jute filé fin coûte d'ailleurs plus cher. Les matelas peu épais des grands fonds causent quelques difficultés ; le moindre nœud du fil s'incruste dans la guttapercha sous la pression des fils d'acier ; la moindre irrégularité d'un fil de jute amène des ruptures sur les bobines des plateaux et oblige à d'incessants arrêts de la couvreuse. Le conducteur de la couvreuse, pour éviter cet accident, a alors tendance à ralentir la marche de sa machine ; de là, une cause de retard pour la fabrication tout entière. Une équipe de quatre hommes suffit à chaque couvreuse, deux pour la conduite et le chargement des plateaux, deux pour le lavage dans les petites cuves. L'avancement est d'environ 4 kilomètres par journée de dix heures. Chaque couvreuse suffit à sa câbleuse, à la condition que la section des âmes ne soit pas trop faible ; dans ce dernier cas, on est obligé de ralentir, pour que l'âme ne se câble pas avec le matelas. Confection des joints. — Les extrémités des trois ou quatre longueurs d'âmes lovées dans la petite cuve sont livrées à un ouvrier spécial qu'on nomme jointeur. Avec un art de bijoutier, il opère la jonction des âmes entre elles. C'est dans le but d'éviter le plus possible son intervention que les cahiers des charges imposent les plus grandes longueurs possibles aux âmes (*) : multiplier les joints, c'est multiplier les points faibles d'un câble. Certains cahiers imposent même un minimum de joints dans le câble tout posé, et c'est pourquoi les âmes écourtées par accident sont impitoyablement refusées par les con(*) Ce qui limite la longueur des âmes, c'est la nécessité de les expédier à l'armature sur des bobines qui ne peuvent dépasser un certain poids.