Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 88]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

\(4

LES CABLES

SOUS-MARINS

fonction de la vitesse de relevage, on a la ressource de relever plus lentement. De plus, au relevage le câble est vertical et le poids à soulever est minimum, tandis qu'en cours de pose on a affaire à des chaînettes ayant jusqu'à 20 kilomètres de portée. Cette application du ruban constitue un énorme travail : pour un câble à quinze fils, il faut, dans les conditions ordinaires de vitesse des câbleuses, recouvrir 416 kilomètres par jour. Un dernier avantage du ruban est que son application sur un fer déjà enduit de poix empêche tout phénomène galvanique et soustrait complètement le fer aux attaques chimiques. 5° Compound. — On entend par là un agglutinant à base de brai minéral ; ce compound sert à coller entre elles les deux couches de jute goudronné, que l'on applique en hélices inverses par-dessus l'armature d'acier. L'ensemble jute et compound constitue un feutre tenace et résineux empêchant toute déformation locale des brins en acier et s'opposant durant la pose au glissement du câble sur les tambours. Le mélange qui constitue le compound est dur et cassant à basse température ; il se ramollit vers 50° ; son point de liquéfaction oscille autour de 100°. Les matières qui entrent dans la composition de ce mélange doivent être aussi exemptes de soufre que possible, sinon les câbles séjournant longtemps dans les cuves métalliques des bateaux, peintes au minium, dégageraient de l'acide sulfhydrique, sous l'influence de la chaleur et de l'eau de mer riche en matières organiques. MISE

SOUS

ARMATURE.

Essai des âmes. — A leur arrivée dans l'usine, les âmes sont plongées dans de grandes citernes en béton pleines

FABRICATION

DE

LEUR ARMATURE ET POSE

173

d'eau. Une circulation d'eau chaude permet de maintenir la cuve à 24° C. Dans ces conditions, identiques à celles des essais faits au départ de l'usine fabriquant les âmes, le laboratoire s'assure que l'isolement et la conductibilité n'ont pas varié pendant le transport. Je décrirai plus loin les procédés électriques du laboratoire. Métiers à clinquant. — Après ces essais, les âmes sont portées aux métiers à clinquant. Ceux-ci recouvrent de clinquant deux âmes à la fois. L'âme passe d'abord dans un premier papillon qui applique le ruban de cretonne tannée, puis immédiatement après dans un deuxième papillon qui applique en sens inverse le ruban de clinquant souple ; enfin un troisième papillon pose une hélice de ruban paraffiné, qui bande le tout solidement. La manœuvre est assurée par deux équipes de quatre hommes. La paraffine dont on enduit le ruban a, dit-on, pour but d'éviter l'attaque du zinc par l'eau de mer dans les fils de fer étamés. Cette explication parait peu fondée, car, aux profondeurs d'immersion des âmes ainsi protégées (de 0 à 400 mètres), la pression est suffisante pour permettre à l'eau de traverser le ruban même paraffiné et de provoquer félectrolyse. Le ruban de clinquant posé bien jointif, et même avec un recouvrement de 2 millimètres, constitue surtout une cuirasse impénétrable aux tarets, qui pullulent dans les eaux chaudes, aux faibles profondeurs. Un simple changement de pignons permet de varier sur les métiers le pas des hélices, de sorte que l'on peut traiter les plus petites comme les plus grosses âmes. Couvreuses. — Les couvreuses ont à revêtir les âmes, nues ou recouvertes de clinquant, d'un matelas plus ou moins épais de jute tanné. Ce matelas est formé de filins de jute, appliqués en hélice autour de l'âme formant 'mèche.