Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 90]

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LES CABLES SODS-MARINS

trôles ; on dépouille ces âmes rebutées pour en extrair le cuivre, mais leur gutta ne peut être employée à no veau dans la fabrication, à cause de la chatterton q y a été ajoutée. Le joint est exécuté de la façon suivante. Les brins de cuivre de chaque bout, bien nettoyés à 1 toile d'éineri, sont juxtaposés ; les extrémités qui dépassent sont placées en. hélice de part et d'autre sur le toron ; le tout est ficelé avec un fil de cuivre de 5 1 1 enroulé en ressort à boudin. Puis, rapidement, pour ne pas amener réchauffement de la gutta par conductibilité, on étend avec un fer à souder un grain d'étain sur l'ensemble. Cette soudure est faite à la résine. Un cou de lime enlève les bavures et aspérités. Le tout est soigneusement essuyé pour faire disparaître toute trace d limaille conductrice. A ce moment, les bords sectionnés franc de la gutta percha se trouvent à environ 3 à 4 centimètres l'un de l'autre. Le jointeur ramène la gutta dans cet espace libre à l'aide d'un fer chaud, de façon à réunir les bords par la chaleur et à revêtir aussi uniformément que possible le cuivre soudé, préalablement humecté de composition collante Chatterton. Comme la gutta ainsi ramenée ne constitue qu'une couche trop mince, il prend une lanière d'excellente gutta-percha de 8 centimètres environ de long sur 2 à 3 centimètres de large et 1 à 2 millimètres d'épaisseur, il l'échauffé légèrement sur toute sa surface à la flamme d'une lampe à alcool et colle le bord mince au centre de la soudure ; puis, d'un mouvement délicat et rapide, il enroule cette gutta autour du cuivre, en ayant soin de chasser l'air qui peut se trouver entre les spires. Le bourrelet ainsi formé est presque mou ; on le réchauffe encore à la lampe pour augmenter sa mollesse ; puis, sous les doigts agiles du soudeur, la petite masse s'allonge, s'étire, se raccorde aux extrémités. Les doigts la

FABRICATION DE LEUR ARMATURE ET POSE

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pétrissent en un fuseau informe d'abord, et cherchent à en faire jaillir les quelques bulles d'air qui s'y trouvent emprisonnées ; dans ce travail, la lampe à alcool, le fer chaud interviennent à l'instant voulu et à l'endroit convenable pour opérer au mieux la prise des deux guttas entre elles ; tout cela sans trop chauffer, sans amener la décomposition de la matière organique, sans provoquer son ébullition. Irrégulière au début, la soudure devient peu à peu lisse, cylindrique, et bientôt un léger renflement de l'âme indique seul le point de jonction. Il ne reste alors qu'à refroidir le joint le plus énergiquement possible. Quand le joint est bon et bien fait, le câble doit offrir à cet endroit une résistance d'isolement aussi forte qu'en tout autre point; de plus, cette résistance ne doit pas baisser avec le temps. Il n'en est pas toujours ainsi. Les joints faiblissent souvent après un délai très court ; il arrive aussi qu'ils sont mauvais tout de suite. C'est ce que révèlent les essais électriques dont nous parlerons ailleurs. Les défectuosités d'un joint peuvent être de diverses sortes. Tantôt la gutta a englobé des traces de limaille ou un filament de jute volant dans l'atelier ; cela suffit pour créer un grave défaut d'isolement. Tantôt des bulles d'air humide sont restées dans la masse et chaque bulle a son petit tuyau d'eau plus ou moins contourné qui va jusqu'au voisinage du cuivre ou s'épanouit à la surface ; tantôt le collage de la gutta de la lanière avec la gutta de l'âme n'a pas été réussi; la chaleur du fer ou de la lampe à alcool n'a pas été suffisante et on peut alors décoller complètement et comme écorcherle joint ; tantôt, au contraire, le jointeur a trop chauffé, a provoqué une décomposition charbonneuse, et la gutta présente dans 1 sa masse une multitude de petites vacuoles presque imperceptibles ; parfois le cuivre se trouve très décentré dans