Annales des Mines (1908, série 10, volume 14) [Image 87]

Cette page est protégée. Merci de vous identifier avant de transcrire ou de vous créer préalablement un identifiant.

170

LES CABLES SODS-MARINS

veaux, par bottes. 11 est goudronné à l'avance, autant que possible avec du goudron de Norvège. Le goudron vient en gonnes et est emmagasiné en cave, ce qui atténue le coulage. L'imprégnation du jute se fait dans un petit atelier spécial éloigné des autres bâtiments, de façon à diminuer les chances d'incendie. L'opération du goudronnage consiste à tremper vivement les écheveaux un à un dans une longue bâche à vapeur pleine de goudron chaud, à les retirer et à les tordre au-dessus du bain, puis à les maintenir dans le panier d'une essoreuse à vapeur pendant un quart d'heure. Les bottes sont ensuite refroidies à l'air afin d'éviter aux ouvriers l'action, désagréable pour les yeux, des vapeurs de goudron. 3° Cretonne. — L'usine découpe elle-même les rubans de cretonne. Elle enroule des pièces d'étoffe (de 1 mètre de large et de 100 mètres de long) sur des axes munis de rondelles en plomb, puis les découpe au tour à la largeur voulue endisques parfaitement réguliers et serrés. L'imprégnation à la paraffine ou à la stéarine s'opère au fur et à mesure de l'enroulement de l'étoffe ; celle-ci passe à cet effet dans une bâche à vapeur pleine du corps gras, et l'excédent de matière est enlevé par les couteaux. 4° Fils de fer. — Les fils de fer viennent par bateaux ou par chemins de fer, en couronnes ; ces couronnes ont un poids moyen de 80 à 100 kilogrammes et un diamètre intérieur de 60 centimètres. Les fils ont des diamètres compris entre l mm ,8 et 9 millimètres ; les plus fins servent pour les grands fonds ; les plus gros constituent l'armature des câbles d'atterrissement (*). (*) Un câble sous-marin est, en effet, d'autant plus gros qu'il est plus près du bord. L'âme reste, bien entendu, la même d'un bout à l'autre, mais l'armature diminue de puissance quand le fond augmente, car le mouvement des vagues diminue et les actions extérieures disparaissent.

FABRICATION DE LEUR ARMATURE ET POSE

171

Les plus fins sont en acier à 120 kilogrammes par millimètre carré (quelquefois à 145 kilogrammes) ; ils font l'objet d'une trempe spéciale au plomb. Les fils moyens résistent d'ordinaire à 80 kilogrammes par millimètre carré. Les plus gros résistent à 40 kilogrammes par millimètre carré et sont des fers marchands. Par grandes profondeurs, les câbles doivent être très légers et en même temps très résistants, tandis que les câbles d'atterrissement doivent résister à l'usure due à leur frottement sur les rochers. Chaque fil de fer est préalablement passé au goudron de gaz ou à la poix d'Arkangel, puis est d'ordinaire entouré d'un ruban. Le diamètre du fil d'acier se trouve par là augmenté /notablement; le poids par élément de volume, ou, si l'on préfère, la densité de l'ensemble fil d'acier + ruban se trouvent diminués : le câble pèse moins lourd dans l'eau, ce qui a une très grande importance pour la pose ou le relèvement des câbles immergés à de très grandes profondeurs. Tout le grand fond du câble transpacifique, posé il y a cinq ans, est à fil d'acier enrubanné ; l'emploi de ce système se généralise chaque jour. Il est évident qu'on allège ainsi l'unité de longueur du câble, et qu'on peut alors diminuer pour une même résistance son poids de fer. Autrement dit, on augmente le module de rupture du câble immergé, en entendant par module de rupture la longueur du câble que l'on peut filer verticalement dans l'eau avant d'amener sa rupture à la surface sur les poulies d'immersion. On peut objecter que l'on augmente ainsi notablement la surface de frottement du câble dans l'eau par unité de longueur. A la pose, ce frottement est négatif et favorable ; il allège le câble et s'oppose à sa brusque descente. Au relevage, c'est le contraire qui se produit et la traction se trouve augmentée. Mais cette traction étant